Carole Fives : Térébenthine (Gallimard, 2020)

Térébenthine (Gallimard, 2020)
Carole Fives 

 

“You might have made a few successful paintings, out of pure luck, but that will perhaps never happen again.  Nothing’s certain.  Every time you start afresh.”

 

Térébenthine (Turpentine – what a clever title) is about three art students, Luc, Lucie and ‘you’, who specialise in painting (an art form that became unfashionable in France in the late 1990s) and the reason for the trio’s nickname: ‘Turpentine’. 

The trigger for this novel, Carole Fives’s fifth book, was the suicide in 2017 of a Fine Arts teacher.  But as Fives wrote Térébenthine the novel’s focus became more centred on the three students, and on what it is to be a Beaux-Arts student.
 
One of the novel’s themes is the issue of ‘invisibilisation’ and the importance of seeing oneself represented in the university curriculum.  In one (highly filmic) scene, Lucie and ‘you’ give a lecture that challenges the lack of role models for women in the university curriculum.  

Another theme is that of finding one’s vocation – ‘you’ will eventually realise that painting is perhaps not her path.  

Térébenthine would appeal to any artist, be they a painter, sculptor, musician, or writer – anyone following, or wanting to follow, their dream in fact.

 

 

« Tu as pu réussir quelques toiles, un coup de chance, mais ça ne se reproduira peut-être jamais.  Rien n’est gagné.  Tout se rejoue à chaque fois. »

 

Dans Térébenthine (quel titre malin), il s’agit de trois étudiants aux Beaux-Arts de Lille – Luc, Lucie et ‘toi’ – dont la filière choisie est la peinture, une forme d’art devenue démodée en France vers la fin des années ‘90.  D’où le surnom qu’on leur donne : « Térébenthine ». 

L’un des déclencheurs pour ce roman de Carole Fives, son cinquième, était au départ le suicide en 2017 d’un professeur d’art plastique des Beaux-Arts.  Mais au fur et à mesure de l’écriture le focus du livre est devenu plus centré sur les trois étudiants, et sur la vie d’étudiant.e aux Beaux-Arts.
 
L’un des thèmes du roman est la question de l’invisibilisation, et l’importance de se voir représenté.e dans le cursus universitaire.  Dans une scène (très cinématographique), Lucie et ‘toi’ donnent un cours sur les artistes femmes, véritable pied-de-nez face à leur absence dans la formation. 

Un autre thème abordé est celui de la recherche de sa vocation – le personnage désigné comme ‘toi’ se rendra enfin compte que la peinture n’est peut-être pas son vrai destin.  

À part les futur.e.s ou ex étudiant.e.s, Térébenthine intéressera surtout, je crois, les artistes, qu’ils ou elles soient peintres, sculpteur.ice.s, musicien.ne.s ou écrivain.e.s  – toute personne qui suit, ou qui cherche à suivre, son rêve, en fait.

 

      Térébenthine de Carole Fives 1 - Reader : Mia Farlane
      Térébenthine de Carole Fives 2 - Reader : Mia Farlane
      Térébenthine de Carole Fives 3 - Reader : Mia Farlane
      Térébenthine de Carole Fives 4 - Reader : Mia Farlane
      Térébenthine de Carole Fives 5 - Reader : Mia Farlane

Frédérique Deghelt : Sankhara (Actes Sud, 2020)

Sankhara
(Actes Sud, 2020)
Frédérique Deghelt

The story takes place in France between the 5th and the 16th of September 2001 – two parallel stories, in fact, triggered by a fight between a woman and her husband: Hélène (who writes but doesn’t yet call herself a writer) leaves her husband, Sébastien (a journalist at AFP), with their five-year twins, and goes (her husband doesn’t know it) on a ten-day ‘Vipassana’ (means ‘conditioning’) meditation course; Sébastien, who only knows that Hélène will be back in ten days, ruminates during her absence, looks after the children (it’s a busy time, the start of the new school year) and continues his work as a journalist (against the backdrop of 9/11).   What first drew me to this novel Sankhara (means ‘that which puts together’ in Pali) was not these dramatic events, but the contrasting perspectives in the book’s narrative – between a journalist and a fiction writer.  Also, knowing that the author, Frédérique Deghelt , used to be a journalist at AFP, I imagined she’d know what she was writing about – and the novel does include many astute observations around these two very different vocations.  The second attraction for me (for some people I imagine, it would have the opposite effect) was the challenge for the reader of this book (half of which, after all, is set on a silent retreat) to accept going at a slower pace.      
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L’histoire se passe en France entre le 5 septembre et le 16 septembre 2001 – il s’agit de deux histoires, en fait, en parallèle, dont le déclencheur est une dispute entre une femme et son mari : Hélène (qui écrit mais n’assume pas encore le fait qu’elle soit écrivaine) laisse son mari, Sébastien (journaliste à l’AFP), avec leurs jumeaux âgés de cinq ans, et part pendant dix jours – pour (son mari ne le sait pas encore, mais) un stage de méditation ‘Vipassana’ (veut dire ‘les choses telles qu’elles sont); Sébastien, lui, qui sait juste qu’ Hélène va revenir dans dix jours, rumine pendant ce temps, s’occupe de leurs enfants (c’est la rentrée scolaire) et continue à faire son travail de journaliste (sur fond de 11 septembre). 
Le premier attrait, pour moi, de ce roman, Sankhara (un mot Pali qui veut dire « ce qui met ensemble ») ce n’était pas ces évènements dramatiques, mais surtout le contraste de perspectives dans la narration – en l’occurrence entre un journaliste et une écrivaine.  (Ajouter à cela le fait que l’auteure de Sankhara, Frédérique Deghelt, ait été, dans sa vie antérieure, journaliste à l’AFP – je me suis dit qu’elle saurait de quoi elle écrit.  En effet ce roman contient bien des observations astucieuses sur ces deux vocations très différentes.)  Le deuxième attrait, pour moi (pour certains, cela pourrait produire l’effet contraire, j’imagine) c’était le challenge que posait ce livre (dont la moitié de l’histoire se passe quand même dans une retraite silencieuse) : d’accepter le ralentit.

 

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La grande librairie
Destins de femmes – présenté par François Busnel:
François Busnel réunit cinq écrivaines pour évoquer avec elles leurs derniers ouvrages qui ont en commun de narrer des destins de femmes.
Tatiana de Rosnay, Gaëlle Nohant, Shumona Sinha, Nelly Alard et Frédérique Deghelt.
(diffusé le mer. 29.04.20)

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Maïssa Bey : Nulle autre voix (Éditions de l’aube, 2018)

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Nulle autre voix
(Éditions de l’aube, 2018)

de Maïssa Bey

 

Dire que dans Nulle autre voix Maïssa Bey dénonce la violence faite aux femmes ne serait pas faux.  Ce serait seulement un peu trompeur, et fâcheusement réducteur.  Car Nulle autre voix, c’est surtout un roman subtil et sans concession sur le pouvoir libérateur de l’écriture. 
     Ça commence, comme dans une pièce de théâtre classique, par trois coups : l’histoire se déroule dans l’Algérie actuelle ; une femme tue son mari violent.  Après quinze années de prison, elle retourne dans son appartement où elle vit désormais seule et ne sort que pour faire ses courses – tôt le matin pour éviter de voir du monde : un confinement qu’elle “choisit” pour se protéger contre la malveillance des gens qui la jugent.  Mais voila qu’une femme « qui se dit écrivaine » frappe à sa porte : elle veut écrire un « roman non-fictionnel » inspiré de l’histoire vraie de cette ex-détenue – qui accepte la proposition de se confier.  Une décision déclencheuse de chaque page du livre Nulle autre voix, puisque, la narratrice (la vraie écrivaine, pourrait-on dire) se met, alors, à écrire, elle, à se raconter, chaque soir, dans ses carnets. 

 

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It would not be untrue to say that in Nulle autre voix (No Other Voice) Maïssa Bey denounces violence against women.  It would just be a little misleading – and sadly reductive.  Because Nulle autre voix, is above all a subtle, uncompromising novel about the liberating power of writing. 
     It begins, like a classic French play, with ‘les trois coups’ (three blows): the story is set in contemporary Algeria; a woman kills her violent husband.  After fifteen years in prison, she has gone back to her flat where she now lives alone, going out only to do her shopping – first thing in the morning, to avoid seeing people : a self-isolation that she has ‘chosen’ in order to protect herself against the malice of people who judge her.  But one day a woman ‘who calls herself a writer’ knocks at her door: she wants to write a ‘non-fictional novel’ based on the true story of this ex-convict – who agrees to tell her story.  A decision that triggers every page of Nulle autre voix, since the narrator (the real writer, one might say) starts to write, to tell her own story, every night, in her exercise book.

 

Books by Maïssa Bey available in English:


Do You Hear in the Mountains… and Other Stories (University of Virginia Press, 2018) Maïssa Bey. Translated by Erin Lamm. Afterword by Alison Rice

Above All, Don’t Look Back (University of Virginia Press, 2018) Maïssa Bey.  Translated by Senja L. Djelouah; introduction by Mildred P. Mortimer

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Daniel Pennac : La loi du rêveur (Gallimard, 2019)

La loi du rêveur
Gallimard, 2019
de Daniel Pennac
176 pages

À partir d’un rêve fait pendant un coma et de conversations réelles (ou peut-être bien imaginaires), Daniel Pennac raconte – en mentant pour mieux parler vrai – ses débuts d’écrivain.  Ainsi, il nous livre un conte à la fois féerique et réaliste – avec, puisque c’est plus fort que lui (on y discerne l’auteur généreux de Chagrin d’école et de Comme un roman) des pépites de conseil pratique, tel que : comment aider, par une astuce ludique (que je ne dévoilerai pas ici), des élèves qui ne veulent ou ne peuvent écrire à devenir accros de l’écriture au point de les imaginer devenir de futurs écrivains – c’est-à-dire, comme Pennac, d’enthousiastes menteurs. Dans La loi du rêveur, les rêves et la réalité se mêlent et se confondent en l’imagination [de Pennac], qui « ne doit aucune fidélité aux rêves » (La loi du rêveur). Pennac dit « j’aime admirer. C’est chez moi une autre façon de lire. ». Un livre magique. 

Taken from dreams he had during a coma, and from real (or perhaps imagined) conversations, Daniel Pennac tells the story – lying, in order to be more truthful – of how he became a writer.  So he presents us with a tale that is both fantastical and realistic – with, since he can’t help himself (I can see here the author of School Blues and The Rights of the Reader, translated by Sarah Ardizzone) little gems of practical advice, such as: how do you get students who can’t or won’t write to become addicted to writing, so much so that you could imagine them becoming writers one day – that is to say, like Pennac, enthusiastic liars.  In The Law of the Dreamer, dreams and reality mix and melt in [Pennac’s] ‘imagination, which doesn’t have to be faithful to dreams’ (La loi du rêveur). Pennac says: ‘I like to admire.  It’s my way of reading.’  A magical book.    

Chagrin d’école (Gallimard, 2007) de Daniel Pennac:
School Blues (MACLEHOSE PRESS, 2010), translated by Sarah Ardizzone.

Comme un roman (Gallimard, 1992) de Daniel Pennac:
Reads Like a Novel
(Quartet Books, 1994), translated by Daniel Gunn
The Rights of the Reader (Candlewick Press, 2008 / Penguin Random House, 2015), translated by Sarah Ardizzone