Farlane on French Writing prend une pause

Farlane on French Writing takes a break / prend une pause
jusqu’à fin 2024 / until the end of 2024

I have decided to take a break from writing reviews for Farlane on French Writers, to focus on finishing my next novel.  Je voudrais remercier mes abonné·e·s de leur intérêt pour mes critiques bilingues – qu’ils et elles retrouveront après la pause.  I’d like to thank you for your interest in my short bilingual reviews – that you will find again after this break. 


In the meantime …

Voir aussi mon bulletin trimestriel Farlane on Writing :

To stay in touch with my writing and reading news, join the Farlane on Writing quarterly in connection with my author website.


Remerciements


Un très grand merci to my friends in France, Claire Galo-Place, Marine Place and Christelle Didier, for technical help, encouragement and proofreading.  

Thanks, too, to ALK, for the chat that led to the idea of Farlane on French Writers. 

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The Reviews

Reviews have been of novels, including one graphic novel, creative nonfiction, poetry and short story collections, and nonfiction, including memoir, letters and essays.

Countries in connections with authors have included: France, Italy, Morocco, Lebanon, Algeria, Senegal, Mauritania, Syria, Canada, Tahiti, Haiti, Luxembourg and Belgium.

Here’s a full list of all the books reviewed so far:  

Nathalie Kuperman
Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018)

Adélaïde Bon
La petite fille sur la banquise (Grasset, 2018)

Fouad Laroui
UNE ANNÉE CHEZ LES FRANÇAIS (Julliard, 2010)

Violaine Huisman
FUGITIVE PARCE QUE REINE (Gallimard, 2018)

Carole Fives
UNE FEMME AU TÉLÉPHONE (Collection : L’arbalète / Gallimard, 2017)

Anise Koltz
PRESSÉE DE VIVRE suivi de APRÈS (Arfuyen, 2018)

Faïza Guène
Millénium Blues (FAYARD (2018)

Nina Bouraoui
TOUS LES HOMMES DÉSIRENT NATURELLEMENT SAVOIR (Lattès, 2018)

Pascale Kramer
Une famille (Flammarion, 2018)  

claudine galea
Les choses comme elles sont (Gallimard, 2019)

Delphine de Vigan
Les gratitudes (Éditions JC Lattès / Le Masque, 2019)

Caroline Lamarche
Nous sommes à la lisière – nouvelles (Gallimard, 2019)

Marie-Hélène Lafon
Nos vies (Buchet-Chastel, 2017)

Arnaud Cathrine
J’entends des regards que vous croyez muets (Gallimard, 2019)

Katia Chapoutier
La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (Le Passeur, 2018)

Olivia de Lamberterie
Avec toutes mes sympathies (Gallimard, 2019)

Nathalie Heirani Salmon-Hudry
Je suis née morte (Au vent des Iles, 2012)

Valérie Rouzeau
Sens averse (répétitions) (Éditions La Table Ronde, 2018)

Chloé Delaume
S’écrire : mode d’emploi (Éditions publie.net, 2008)

Emmelie Prophète
Un ailleurs à soi (Mémoire d’encrier, 2018)

Daniel Pennac
La loi du rêveur (Gallimard, 2019)

Constance Debré
Love Me Tender (Flammarion, 2020)

Maïssa Bey
Nulle autre voix (Éditions de l’aube, 2018)

Amandine Dhée
À mains nues (La Contre-Allée, 2020)

Frédérique Deghelt
Sankhara (Actes Sud, 2020)

Guillaume Apollinaire
Faire l’amour et faire la guerre ; Sous la direction éditoriale de Jean-Pierre Guéno
(Le Passeur, 2020)

Amandine Dhée et Carole Fives
Ça Nous Apprendra à Naître dans le Nord (La Contre Allée, 2011)

Marie-Jo Bonnet
La maternité symbolique : Être mère autrement (Albin Michel, 2020)

Lou Camino
MURMURES D’AILLEURS : Je n’irai pas à Buenos Aires (LES 4 SAISONS Éditions, 2020)

Chloé Delaume
Le Cœur synthétique (Seuil, 2020)

Charlotte Calmis
Gaïa et autres poèmes (Interstices Éditions, octobre 2020)
Édition présentée et annotée par Marie-Jo Bonnet – guest reviewer : Marie-Jo Bonnet

Carole Fives

Térébenthine (Gallimard,2020)

Marie Ndiaye
Royan. La professeure de français : monologue (Gallimard, 2020)

Gilles Paris
Certains cœurs lâchent pour trois fois rien : de l’ombre vers la lumière (Flammarion, 2021)

Lorraine les Bains
Waldo (Lapin, 2019) – guest reviewer : Christelle Didier.

Céline Curiol
La posture du pêcheur ; la paresse (Les Éditions du Cerf, 2021)

Édouard Louis
Combats et métamorphoses d’une femme(Éditions du Seuil, 2021)

Gilles Paris
Un baiser qui palpite là, comme une petite bête (Gallimard Jeunesse, 2021)

Souad Labbize
Enfiler la chemise de l’aïeuleالجدة قميص ارتداء (Éditions des lisières / collection Hêtraie, 2021)

Gilles Paris
Le bal des cendres (Editions Plon, 2022)

Mélissa Perron
Au gré des Perséides (Hurtubise, 2022)

Fanta Dramé
Ajar-Paris (Plon, 2022)

Arlette Perrin
Ecrits poétiques
qpfeydel, Impressions photographiques

(Toulouse, Impression coolLibri, 2022, rééd. 2023) – guest reviewer : Christine Bard

Olivier Adam
Dessous les roses (Flammarion, 2022)

Olivier Adam : Dessous les roses (Flammarion, 2022)

Dessous les roses (Flammarion, 2022) Olivier Adam

« J’écris de la fiction, on me dit que c’est de l’autobiographie, j’écris de l’autobiographie, on me dit que c’est de la fiction »

Philip Roth, Tromperie

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Je savais que j‘allais aimer Dessous les roses – c’est d’Olivier Adam et puis il s’agit d’une fratrie adulte qui séjourne dans la maison parentale lors des obsèques de leur père.  Leur mère, en mauvaise santé, reste en haut, ils boivent, les ressentiments se font entendre.  Douloureux, hilarant (le dialogue est superbe), émouvant. 

Légèrement Ibsenesque, le ton vaguement similaire au film August Osage County, ce roman est (structuré comme) une pièce, en trois actes, et suit, presqu’à la lettre, les règles du théâtre classique : un lieu, un sujet (principal), un trois jours.  La sœur aînée, Claire, travaille dans un hôpital, le cadet, Antoine, est un businessman qui vote à droite.  Le frère du milieu, Paul, est un écrivain gai célèbre, qui puise dans sa famille le matériau (cf. Edouard Louis et Knausgård) de ses scénarios de film et de pièces de théâtre. 

C’est par le biais d’Antoine – qui résume de façon rancunière les traits de son alter ego fictif et ceux de sa sœur etc. – que l’on découvre d’abord quelques détails vraisemblablement exacts sur la vraie famille de Paul.  Antoine explique à sa sœur pourquoi elle s’en sort mieux que lui : « tu bosses à l’hôpital […] et puis tu votes à gauche. »

Je ne sais si on était supposé rire, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.   L’expression ‘comprenne qui pourra’ vient d’abord à l’esprit – et puis ces portraits trop simplifiés se transforment en des personnages à trois dimensions au fil du livre et comme les secrets sont dévoilés, si ce n’est qu’aux lecteur·ice·s.  C’est ingénieux– le point de vue change de chapitre en chapitre, avec la plupart des personnages (mais pas tous) ayant son tour.  J’adorerais entendre l’auteur parler de tout cela, mais l’audience devrait avoir lu tout le livre – au risque d’un grave divulgâchage.

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‘I write fiction and I’m told it’s an autobiography, I write an autobiography and I’m told it’s fiction’

Philip Roth, Deception

I knew I was going to love Dessous les roses – it’s by Olivier Adam and it’s about three adult siblings staying at the family home around the time of their father’s funeral.  Their mother is unwell upstairs, they drink and resentments get an airing.  Painful, hilarious (the dialogue is superb), moving. 

Slightly Ibsenesque, vaguely August Osage County, this novel is (set out like) a play, in three acts, and (almost) respects the rules of classical theatre: one setting, one (main) issue, one three days.  The oldest sibling, Claire, works at a hospital and the youngest sibling, Antoine, is a right-wing businessman.  The middle sibling, Paul, is a famous gay writer, who draws on his family for material (cf. Edouard Louis and Knausgaard) in his theatre and film scripts. 

It’s from Antoine – who angrily summarises his fictive alter ego’s character traits and those of his sister etc – that the reader first learns a few presumably accurate details about Paul’s real family.  Antoine tells his sister she comes out better than he does because ‘you work in a hospital and you vote left-wing’. 

I don’t know if you were meant to laugh, but I couldn’t help it.  The expression ‘if the cap fits’ comes to mind at first – and then these oversimplified portraits fill out into three-dimensional characters as the book progresses and secrets are shared, at least with the reader.  It’s ingenious – point of view switches from chapter to chapter, with most (but not all) characters having their turn.  I’d love to hear a discussion with the author around all of that.  But the audience would all have to have read the book first – because it would involve major spoilers.

 Ps en musiquela chanson de Barbara, Nantes – qui contient la phrase ‘dessous les roses’

Arlette Perrin – Ecrits poétiques, qpfeydel – Impressions photographiques (Toulouse, Impression coolLibri, 2022, rééd. 2023)

Arlette Perrin, Ecrits poétiques, qpfeydel, Impressions photographiques, Toulouse, Impression coolLibri, 2022, rééd. 2023

Arlette Perrin, Ecrits poétiques, qpfeydel, Impressions photographiques, Toulouse, Impression coolLibri, 2022, rééd. 2023, 106 pages.


Cette recension est par Christine Bard (historienne du féminisme et auteure)
Guest reviewer: Christine Bard – historian and author. 
Translation in English by Mia Farlane.

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qpfeydel, photographe lilloise, a publié en 2022 une sélection d’écrits poétiques d’Arlette Perrin. Une nouvelle édition complétée par les dates et les lieux des poèmes est disponible depuis mai 2023.

Arlette Perrin a quitté ses amies, amantes et camarades dans les luttes féministes et lesbiennes le 28 mai 2020, vaincue par le cancer. L’information est là, implacable. La poétesse n’est plus, qui nous entr’ouvre les portes de son intimité et de son imaginaire. Ses mots toutefois abolissent la distance créée par la « grand faucheuse ».

A gauche, la photo, à droite, le poème, souvent court.

Parfois, une seule phrase. Comme :

« La création n’est-elle pas avant tout une jubilation égocentrique ? »

Peut-être, Arlette, peut-être…

L’exploration des sentiments, des émotions et des états d’âme inspire la poétesse, qui, justement, avoue sortir de son « je ».

« Je voyage en dehors de moi-même ».

Souvent, le « je » s’adresse au « tu », et l’on imagine là une histoire d’amour, là une rupture, ailleurs une relation un peu toxique :

« J’étais sur le trottoir

À côté de moi-même

Je sortais d’une sombre histoire

Même s’il y avait eu des jours dans ces nuits

Le gris carbonique de mes pensées polluait la ville »

Et bien sûr les moments d’extase. Bénis soient les « contacts en amande » !

Ce qui saisit chez Arlette est la présence du corps.

« À l’encre de ces mots

S’ancre le corps ».

Corps d’amantes ou « corps de nos rêves » : l’incarnation des émois.

De poème en poème, la sensualité, inclusive, embrasse les éléments naturels

« À la rive d’un bras qui retient l’écume

Le corps d’une dune se balance à la nuit ».

Dans nos vies pressées, les poèmes d’Arlette traduisent l’attention au monde, sensible à l’infini des signes : pavé luisant, feuille fanée, « bruit d’ailes froissées ».

« J’aime quand la pluie révèle l’odeur de la terre,

je me rappelle ce que je suis ».

La perception du monde passé ou présent, au filtre, souvent, des relations amoureuses, compose avec l’oubli, l’attente, les instants suspendus. Il y a des aubes, il y a des nuits, des lits de femmes ou de rivières, des ombres, des fissures, des plaies…

« Murmurent des mots incompréhensibles ».

Mission universelle de la poésie : nous aider à affronter les pertes de sens et les souvenirs évanouis.

De la poésie, pour affronter nos peurs.

« Mon sang tourne dans le vide ».

Et le silence.


Ce riche répertoire d’émotions est redoublé par la palette des « impressions photographiques » de qpfeydel, d’une sombre beauté. En noir et blanc ou en couleur, les photographies agrippent le détail, s’attardent sur les ombres, examinent les torsions, saisissent l’étrange – superbes poupées aux yeux vides, en vitrine de chez Meert, à Lille – embrassent le large maritime, se tournent du côté de la fenêtre entr’ouverte, trouvent du flou, beaucoup de flou, subliment le mouvement du vent, admirent les ciels orageux, tanguent dans les rues du Nord et font danser les murs de brique aux enseignes rétro, pénètrent les forêts, affligent les lys les plus joyeux, en quête de l’impossible fantôme, ombre d’Arlette en train de fumer.

Difficile de résister au plaisir que procurent ces photos. Leur registre, large, inclut le témoignage militant. On retrouve dans ce livre une photographie de la banderole des Dé/générées : « Désir et désordre ». Cela me touche, infiniment, de savoir que celle qui veut capter les beautés étranges de notre monde soit aussi une militante convaincue qu’un autre monde est possible. Dans les photos « dark » de qpfeydel, la lumière demeure, parfois éblouissante, et l’espoir est offert à qui sait regarder, à qui sait écouter, à qui sait aimer sans normes ni tabous.

Il fallut un peu de temps à qpfeydel pour tenir la promesse faite à Arlette de publier à la fois les photos de l’une et les poèmes de l’autre. Ils dialoguent de merveilleuse façon. Et nous plongent dans un état d’émotion très particulier.

On pense à la vie de celle qui rêva « nos corps qui retouchent l’amour de teintes or et bleue ».

On remercie qpfeydel qui nous offre un délectable trésor lesbien.

 

Christine Bard – historienne du féminisme, professeure d’histoire contemporaine à l’Université d’Angers et auteure de nombreux ouvrages, y compris Les garçonnes (Éditions Autrement, 2021).

 

Arlette Perrin, Poetic Writings, qpfeydel, Photographic Impressions, Toulouse, Impression coolLibri, 2022, new edition. 2023, 106 pages.

 

qpfeydel, a photographer from Lille, published in 2022 a selection of poetry by Arlette Perrin. A new edition, including the dates and places where the poems were written, came out in May 2023.

Arlette Perrin left her female friends and lovers, and her friends from the feminist and lesbian movements, on 28 May 2020, beaten by cancer. A cruel reality.  The poet is no longer, who allows us a glimpse into her inner world and imagination. Yet her words obliterate the distance created by the ‘Grim Reaper’.

On the left, the photo.  On the right, the poem, often short.

Sometimes a single sentence.  Such as:

‘The creative act, isn’t it primarily an egocentric jubilation?’

Perhaps, Arlette, perhaps …

Exploring feelings, emotions and moods inspires the poet, who, as it happens, admits to coming out of her first-person, singular: ‘I’. 

‘I travel outside of myself’

Often, the ‘I’ (je) addresses the informal ‘you’ (tu), and what we imagine here is a love story, or, here, a breakup, and elsewhere a slightly toxic relationship:

‘I was on the pavement

Beside myself

I was coming out of a dark story

Even if there’d been days among these nights
The grey carbon of my thoughts was polluting the town’

And of course moments of ecstasy.  Blessed be the ‘contacts en amande’!

What is striking in Arlette’s writing is the presence of the body.

‘The body is anchored
in the ink of these words’

Female lovers’ bodies or ‘bodies of our dreams’: emotions incarnate.

From poem to poem, sensuality, inclusive, brings the elements of nature into its hold.

‘At the bank of an arm that holds foam
A dune’s body sways on the night’

In our busy lives, Arlette’s poems bring our attention back to the world, sensitive to its endless signs: a glistening paving stone, a withered leaf, ‘the sound of rustling wings’.

‘I like it when rain brings out the smell of the earth,

I remember what I am’

Her perception of the world, past or present, often filtered through love affairs, deals with forgetting, waiting, delayed moments.   There are dawns, there are nights, women’s beds or riverbeds, shadows, rifts, wounds …
‘They murmur indecipherable words’

The universal mission of poetry: to help us deal with loss of meaning and vanished memories.

Poetry, to help us face our fears.

‘My blood wanders aimlessly’

And silence.

 

This rich repertoire of emotions is made stronger by qpfeydel’s pallet of ‘photographic impressions’, which have a sombre beauty. In black and white or in colour, the photos fix onto detail, linger on the shadows, explore the twists, grasp what is strange – superb dolls with empty eyes, in Meert’s shop window, in Lille – embrace the vast ocean, turn their attention on the half-open window, seek what is undefined, an abundance of blur, sublimate the wind’s movement, admire the stormy skies, sway in the streets in the north of France – making the brick walls with their retro signs dance, go into the forests, crush the most joyful of lilies, in search of the impossible ghost, Arlette’s shadow smoking.

It’s hard to resist the pleasure that these photos bring.  Their range, broad, includes an activist’s testimony. You can find in this book a photo of the (lesbian feminist group) Dé/générées’ banner: ‘Desire and disorder’.  I am touched, profoundly, to know that she who wants to capture the strange beauties of our world is also an activist convinced that another world is possible.  In qpfeydel’s ‘dark’ photos, light remains, sometimes dazzling, and hope is offered to whoever is able see, whoever is able to listen, to whoever is able to love outside of the norm and unhindered by taboos.

qpfeydel needed some time to keep her promise made to Arlette, that of publishing both the photos of one and the poems of the other. They are in an extraordinary dialogue with one another.  And plunge us into a very unique emotional state.

We remember the life of she who dreamt ‘our bodies that touch up love with tints gold and blue’.
Thank you to qpfeydel, who gives us a delectable lesbian treasure.

 

Christine Bard
(Translation by Mia Farlane)

Christine Bard is professor of contemporary history (University of Angers) and senior member of the Institut universitaire de France.  She works on the political, social and cultural history of women and gender and has published numerous books, individual and collective in this field, including Les garçonnes: Mode et fantasmes des Années folles (Autrement, 2021). She chairs the Archives du Féminisme association and directs the collection of the same name at the Rennes University Press. She runs the virtual museum on the history of women and gender MUSEA.



Fanta Dramé : Ajar-Paris (Plon, 2022)

Ajar-Paris

Ajar-Paris (Plon, 2022) Fanta Dramé

Préface – Faïza Guène

« Je vais écrire ta vie, papa (…) Je vais raconter ta vie dans un livre. »


Ajar-Paris est si bien construit et rempli de détails saisissants que je n’ai pu m’empêcher de l’imaginer déjà comme un film.  Donc –

Scène 1 : intérieur jour, collège. La narratrice, Fanta Dramé, reçoit un coup de téléphone au collège de banlieue parisienne où elle travaille comme professeur de français. Scène 2 : intérieur, jour, hôpital. La famille autour du lit où gît la grand-mère mourante.  Scène 3 :  Fanta se rend pour la première fois en Mauritanie à Ajar, le village natal de son père et lieu de sépulture de la défunte. Scène 4 : de retour à Paris, Fanta décide d’écrire le parcours d’émigration de celui qui lui avait « transmis, malgré lui, la passion des livres » : son père.  Ainsi commence cette histoire dans l’histoire.

Ajar-Paris est un livre qu’on pourrait qualifier de ‘roman vrai’, puisqu’il s’agit d’une fille qui raconte – avec amour et affection – l’histoire de son père.  Ainsi ce roman siégerait-il aux côtés de Combats et métamorphoses d’une femme, l’autofiction d’Édouard Louis,et du roman autobiographique de Violaine Huisman, Fugitive parce que reine

Ajar-Paris est surtout une histoire intime, riche de moments forts – dont : l’arrivée à Marseille du père quand il cherche de l’aide pour connaître la route vers la gare ; la scène du bureau de vote où la mère de la narratrice répond à une assesseuse paternaliste ; et, vers la fin, l’interaction à la préfecture.

J’attends avec impatience la sortie mondiale au cinéma d’une adaptation d’Ajar-Paris

‘I am going to write about your life, Dad (…) I am going to tell the story of your life in a book.’


Ajar-Paris is so well structured and full of vivid detail that I couldn’t help already seeing it as a film.  So –

Scene 1: interior, day, school. The narrator, Fanta Dramé, receives a phone call at the Parisian middle school where she teaches French. Scene 2 : interior, day, hospital.  The family around the bed where the dying grandmother lies.  Scene 3:  Fanta goes for the first time to Mauritania – to Ajar, a village where her father was born and where her grandmother’s grave will be.  Scene 4: back in Paris, Fanta decides to write the emigrant’s journey of the person who ‘unwittingly, passed on to her his love of books’ : her father.  So begins this story within a story.

Ajar-Paris could be described as a ‘roman vrai’ (a true-story novel), as it is a daughter writing – with love and affection – about her father.  So, this novel would sit alongside Édouard Louis’ autofiction about his mother, A Woman’s Battles and Transformations  (Harvill Secker, 2022, translation by Tash Aw), and Violaine Huisman’s autobiographical novel about her mother, The Book of Mother (Virago Press, translation by Leslie Camhi).  

Ajar-Paris
is above all a personal story that is full of powerful moments – including : the father’s arrival in Marseilles when he is looking for help to find his way to the station; the scene at the voting station when the narrator’s mother replies to a patronising comment from polling officer; and, nearing the end, the exchange at the government offices.

I am so looking forward to a film adaptation of Ajar-Paris that will, I hope, be released at cinemas across the world. 

Ps en musique

Fanta Dramé a mis en épigraphe d’Ajar-Paris quelques vers de la chanson « Les émigrants » (1987) de Charles Aznavour :

Comment crois-tu qu’ils ont tenu?

Ils ont tenu, en étant croyants et têtus

Déterminés pour leurs enfants

À faire un monde différent.

Mélissa Perron : Au gré des Perséides (Hurtubise, 2022)

Au gré des Perséides (Hurtubise, 2022) Mélissa Perron

268 pages

Coup de cœur de la Fédération Québécoise de l’autisme

« Tu pourrais pas être normale, des fois ? »

Au gré des Perséides a pour sujet l’autisme au féminin. Le personnage principal Fabienne, 39 ans, est artiste et anime des ateliers créatifs dans une maison de soins palliatifs dans la province de Québec. Et – tout comme l’auteure québécoise, Mélissa Perron, elle-même artiste – Fabienne a été diagnostiquée dans la trentaine comme « autiste à haut niveau de fonctionnement ». 

Fabienne, c’est une personne qu’on qualifie de « directe » et de « naïve », et qui a donc exactement ce qu’il faut pour faire avancer une histoire qui tourne autour des non-dits – les siens, en fait, mais aussi ceux d’autres personnages. En effet, le thème principal d’Au gré des Perséides, c’est l‘importance de « se vider la tête » des secrets que l’on traîne presque toute sa vie.

L’intérêt principal, pour moi, de ce roman a été de pouvoir observer comment une femme, « épuisée de masquer ses traits autistiques », s’assume, épaulée en premier par son amoureux, (l’adorable) Charles. Fabienne réussit à naviguer, avec et parfois sans humour, parmi les préjugés et manques de compréhension eu égard à son autisme : « mais t’es pas supposée être autiste, toi ? T’es vraiment à l’aise avec ces deux gars, non ? » lui dit une de ses collègues. 

Je pense que ce livre devrait plaire aux femmes autistes et aux lecteur·ice·s qui ressentent parfois un besoin de lire une histoire qui non seulement vous tient par ses révélations surprenantes mais surtout qui vous interpelle par sa bienveillance. 

Au gré des Perséides, c’est le troisieme roman de Mélissa Perron, dont l’héroïne est Fabienne.  Je suis maintenant en train de lire Promets-moi un printemps le premier de la série.  Après quoi je vais lire le deuxième, Belle comme le fleuve

PS Ces trois livres sont des bestsellers.

🎧

  1. Promets-moi un printemps (Livre audio). De: Mélissa Perron. Lu par: Émilie Levesque
  2. ICI Radio-Canada Première Pénélope McQuade 🎧 Entrevue avec Mélissa Perron : Son livre Belle comme le fleuve, sur l’autisme.
  3. Chronique culturelle (7 minutes) : l’entrevue à Info-Réveil Rimouski, 2 novembre 2022: Entrevue avec Mélissa Perron : Son livre Au gré des Perséides

 

 

‘Can’t you just be normal sometimes ?’

The subject of Au gré des Perséides (At the Whim of The Perseids) is female autism: the main character Fabienne, 39, is an artist who leads creative workshops at a hospice in Quebec.  And – just like the Quebecois author, Mélissa Perron, also an artist – Fabienne was diagnosed in her thirties as ‘high functioning autistic’. 

Fabienne, someone who is described as being ‘direct’ and ‘naïve’, is exactly who you need if you want to push forward a story about secrets – hers, in fact, but also those of other characters.  The central theme of Au gré des Perséides is the importance of emptying your head of secrets that some people carry around nearly all their lives.

The most interesting thing for me about this novel was being able to observe how a woman, « exhausted from having masked her autistic  traits », manages to be herself, supported primarily by her lover, (the adorable) Charles.  Fabienne navigates, with and without humour, the prejudice and lack of understanding around her autism : ‘But aren’t you supposed to be autistic?  You’re really relaxed around those guys, aren’t you?’ one of her colleagues says to her.

I think this book might appeal to autistic women and readers who sometimes feel in need of a story that not only holds you with its unexpected twists, but, in particular, moves you with its kindness. 

Au gré des Perséides is Mélissa Perron’s third book with Fabienne at its centre.  I’m now in the middle of reading Promets-moi un printemps, the first book in the series.  After which, I’ll be reading the second book, Belle comme le fleuve.


PS These three books are bestsellers in French, so I imagine they’ll be available in English before too long.

 

Listen (in French) to an extract from the first novel:
An extract from Promets-moi un printemps (Promise Me a Spring), by Mélissa Perron.  Read by Émilie Levesque

Gilles Paris : Le bal des cendres (Editions Plon, 2022)

Book cover: Le bal des cendres
& photo of author Gilles Paris – photo credit: Didier Gaillard-Hohlweg

Le bal des cendres (Editions Plon, 2022) Gilles Paris

 

Reading Le bal des cendres (The Dance of the Ashes) is like being in the company of some very charming (perhaps not always trustworthy) people you could quite easily fall in love with for their wit alone.  The advantage, though, of this being a novel and not a love affair is that you can, unlike some of the characters, come out of it in one piece. 

The story centres on a group of people staying at a small hotel on the volcanic island of Stromboli.  And one of the central characters is ‘Struognoli’, the island’s volcano – giving an added ‘I won’t say what’ to the dictum ‘character is plot’ (F Scott Fitzgerald).    

When talking about his latest novel, Gilles Paris says ‘we’re all very good at hiding a certain number of things we don’t want to say’ (Online author events ‘Un endroit où aller’ 6/5/22).  In this multi-voice novel, the story unfolds, from short chapter to short chapter, like a dance, where you keep changing partners; secrets are revealed.  But also insights, and therefore compassion.  And this is how Gilles Paris achieves these three-dimensional characters made of ‘blood, bone, muscle’ and that are ‘fallible and complicated’  (Gilles Paris, idem).

I think this book might appeal to fans of Graham Greene, Agatha Christie, or Françoise Sagan, to name just three.  Or simply readers in need of a holiday in the sun.

 

Thank you, Gilles Paris and Éditions Plon, for having sent me a signed copy of this beautiful book.

 

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Lire Le bal des cendres, c’est comme être en compagnie de personnes charmantes (mais peut-être pas toujours fiables) dont on pourrait facilement tomber amoureux rien que pour leur bel esprit.  Mais l’avantage du fait qu’il s’agisse ici d’un roman et non pas d’une vraie histoire d’amour, c’est que l’on peut, contrairement à quelques-uns des personnages de ce livre, s’en sortir indemne. 

L’histoire met en scène des vacanciers qui séjournent dans un petit hôtel sur l’île volcanique de Stromboli.  En fait, l’un des personnages principaux est le volcan ‘Struognoli’ – ce qui ajoute un ‘je ne dirai quoi’ au dicton ‘le personnage, c’est l’intrigue’ (F Scott Fitzgerald).   

En parlant de son dernier roman, Gilles Paris remarque que « on a tous l’art de dissimuler un certain nombre de choses qu’on ne veut pas dire » (Rencontre Un endroit où aller 6/5/22).  Dans ce roman choral, l’histoire se déroule, de court chapitre en court chapitre, comme une danse où l’on change un partenaire ; les secrets sont révélés.  Mais aussi les compréhensions, et donc la compassion.  Et c’est de cette façon que Gilles Paris crée ces personnages à trois dimensions qui ont « du sang, des os, du muscle » et qui sont « faillibles et compliqués »  (Gilles Paris, idem).

Je pense que ce livre devrait plaire aux fans de Graham Greene, d’Agatha Christie, ou encore de Françoise Sagan, pour ne citer que ces trois-là.  Ou simplement aux lecteur·ice·s en manque de vacances au soleil.

 

Merci à Gilles Paris et aux Éditions Plon, de m’avoir envoyé une copie dédicacée de ce beau livre.

 

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Souad Labbize : Enfiler la chemise de l’aïeule الجدة قميص ارتداء (Éditions des lisières / collection Hêtraie, 2021)

Souad Labbize
Enfiler la chemise de l’aïeule
الجدة قميص ارتداء
(Éditions des lisières / collection Hêtraie, 2021)
Bilingue français-arabe.
Traduction en arabe de Dhia Bousselmi
Couverture d’Annie Kurkdjian (www.anniekurkdjian.com)
58 pp

Souad Labbize is a literary translator, novelist, poet and editor. She lived in Algeria, Germany and Tunisia before making Toulouse her home. Slipping on my Grandmother’s Shirt is a collection of 25 poems that ‘evoke Algeria, a country connected, for [Souad Labbize], with childhood, with the mother figure, and with the author’s heritage as concerns both language and emancipation’ (editor’s description).

These poems are like very short stories that are both simple and profound. The eponomous poem (page 37) is about what is required for empathy: you have to slide naked / down the ramp of time / and slip on your grandmother’s shirt / to understand.

One poem is a (genius) metaphor for indecision, thought without action: You are one of those women / who go nowhere / you go over and over / what might be possible / and end up unpacking / your invisible suitcase.

Another (page 39) – At the butcher’s each woman / waits her turn / thinking she’s a customer – is an image, a moment in time, and an unmissably feminist poem.

The brevity and depth of these deceptively light-touch poems remind me of American Kay Ryan’s poetry. What a discovery. To read more, see Drafts of Love: five poems by Souad Labbize, translated from French and Arabic by Susanna Lang and Kay Keikkinen, in The Literary Review.

Thank you to Reuben Lane and Simon, for buying me this book some months ago at Violette and Co. in Paris.

(English translations of poems above © Mia Farlane)

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Souad Labbize est traductrice littéraire, autrice de recueils de poésie, romancière et éditrice. Elle a vécu à Alger, en Allemagne et à Tunis avant de s’établir à Toulouse. Enfiler la chemise de l’aïeule est un recueil de 25 poèmes ‘évoquant l’Algérie, pays lié, pour l’auteur, à l’enfance, à la figure maternelle ainsi qu’à son héritage en matière de langue et d’émancipation’ (note de l’éditeur).

Ces poèmes sont comme de très courtes nouvelles qui sont à la fois simples et profondes. Dans le poème éponyme (page 37) il s’agit de ce qui est requis pour avoir de l’empathie: Il faut glisser nue / sur la rampe du temps / enfiler la chemise de l’aïeule / pour comprendre.

Un des poèmes est une métaphore (géniale) de l’indécision, la pensée sans suite: Tu es de celles / qui ne vont nulle part / / tu fais et refais / le tour des possibles / reviens ranger / ton bagage invisible.

Un autre (page 39) – A la boucherie chacune / attend son tour / croyant être cliente – est une image, un moment dans le temps, et un poème immanquablement féministe.

La brièveté et la profondeur de ces poèmes apparemment légers me font penser à la poésie de l’Américaine Kay Ryan. Quelle trouvaille.

Merci à Reuben Lane et à Simon, de m’avoir acheté ce livre il y a quelques mois chez la librairie Violette and Co., à Paris.

Gilles Paris : Un baiser qui palpite là, comme une petite bête (Gallimard Jeunesse, 2021)

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête (Gallimard Jeunesse, 2021) Gilles Paris

Gilles Paris has written ten books, including the bestseller My Life as a Courgette and Next to Nothing Can Cause Some Hearts to Fail.  His nineth book, Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, is a Young Adult multi-voice novel that should, I think – because of its subject matter – be of interest to many adult readers. 

The novel begins with a teenage girl’s suicide, which will lead to some young people at her school reassessing their behaviour and attitudes.  Un baiser qui palpite là, comme une petite bête is about shame and the terrible consequences of mass judgementalism – a timeless phenomenon made worse by social media. 

The title – ‘A kiss that quivers there, like a tiny creature’ – is taken from the famous poem ‘Roman’ by Rimbaud, the one that begins ‘You’re not serious when you’re seventeen’.  So: #sex and #drugs and #music (an audio version of this book might include a playlist of the music that the characters listen to). But also #books (including J. D. Salinger’s The Catcher in the Rye); the two main characters Tom and his twin sister Emma are both big readers.

It’s a beautifully framed novel.  When I got to the very satisfying end of this moving book, I understood why the first chapter had to be as it is: powerful and uncompromising. 

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Gilles Paris a écrit dix livres, dont le bestseller Autobiographie d’une courgette et Certains cœurs lâchent pour trois fois rien.   Un baiser qui palpite là, comme une petite bête est un roman choral jeune adulte qui devrait, je crois – par son sujet – intéresser nombreux/ses lecteurs/rices adultes.

Le roman commence par le suicide d’une jeune fille, un évènement qui mènera à une mise en cause par certains jeunes à son lycée.  Les deux thèmes principaux de ce roman sont ‘la honte’ et l’esprit de jugement en masse : des problèmes de tous les temps – exacerbés par les réseaux sociaux. 

Le titre – ‘Un baiser qui palpite là, comme une petite bête’ – vient du célébrissime poème ‘Roman’ de Rimbaud, celui qui commence par ‘On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans’.  Alors : #sexe et #drogue et #musique (une version audio pourrait inclure la playlist des musiques qu’écoutent les personnages) – mais aussi #livres (y compris L’Attrape-cœurs de Salinger) ; les deux personnages principaux, Tom et sa jumelle Emma, sont tous les deux de gros lecteurs.

Les premiers et derniers chapitres sont comme un cadre pour ce roman ;  lorsque je suis arrivée à la fin de ce livre très émouvant, j’ai compris pourquoi le premier chapitre devait être aussi fort et sans compromis.   

Édouard Louis : Combats et métamorphoses d’une femme (Éditions du Seuil, 2021)

Édouard Louis
Combats et métamorphoses d’une femme
Éditions du Seuil, 2021

« Une métamorphose en entraîne d’autres »
‘one metamorphosis leads to another’



Comme l’indique son titre, tout se termine bien dans Combats et métamorphoses d’une femme.  Et ce n’est pas un spoiler de le faire savoir, au contraire.  C’est même cet espoir, le fil conducteur, qui m’a portée jusqu’au ‘happy ending’ de ce récit.

Édouard Louis raconte comment il a d’abord – pendant son enfance et son adolescence – rejeté sa mère, avant de devenir, à l’âge adulte, son défenseur, sa porte-parole – d’où ce livre sur elle : une personne qui a vécu « une double domination – à la fois une domination en tant que femme et une domination en tant que femme des classes populaires » (Édouard Louis, France Culture).  J’ajouterais à cela que c’est aussi l’histoire d’une femme affectée par l’alcoolisme de son mari.   

L’honnêteté de l’auteur de cette auto-fiction m’a par moments fait penser au roman graphique Persepolis de Marjane Satrapi.  Le fait que le déclencheur du récit soit une image, une photo selfie de sa mère, m’a rappelé Les années d’Annie Ernaux.  On pourrait, d’ailleurs, appeler cela de la « non-fiction narrative », par son style (les répétitions : « quand elle » « quand elle » et « on m’a dit que la littérature»  « on m’a dit » etc).  J’ai trouvé émouvantes la scène qui se passe au cirque et celle où apparaît Catherine Deneuve:  « des fragments de tendresse ». 

 

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As its title suggests, Struggles and Metamorphoses of a Woman ends well.  And it’s not a spoiler to let it be known, quite the opposite.  It was this hope, this throughline, that carried me to the narrative’s happy ending.

Édouard Louis tells how at first he rejected his mother – during his childhood and adolescence – before becoming, as an adult, her defender and spokesperson – hence this book: about a person who has experienced ‘domination twice over – both as a woman and as a working-class woman’ (Édouard Louis, France Culture).  I’d add here that it is also the story of a woman affected by her husband’s alcoholism.   

The honesty of this author’s auto-fiction at times made me think of the graphic novel Persepolis by Marjane Satrapi.  The fact that the trigger of this memoir is a photo, a selfie by his mother, reminded me of The Years by Annie Ernaux.  You could, of course, call it creative non-fiction because of the writing style (the repetitions : ‘when she’ ‘when she’ and ‘I was told that literature is’, ‘I was told’ etc).  I found the Catherine Deneuve cigarette moment very touching: ‘fragments of tenderness’.       

 

Now available in English: 

A Woman’s Battles and Transformations  (Harvill Secker, 2022) Édouard Louis (Author), Tash Awr (Translator)
A Woman’s Battles and Transformations is also available from Farrar Straus Giroux

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If you are affected by a relative’s alcoholism : Al-Anon

Si vous êtes affecté/e par l’alcoolisme d’un proche : Al-Anon
(‘Les membres Al-Anon sont des personnes qui ont été affectées par la consommation d’alcool d’une autre personne.’)

 

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