“You might have made a few successful paintings, out of pure luck, but that will perhaps never happen again. Nothing’s certain. Every time you start afresh.”
Térébenthine (Turpentine – what a clever title) is about three art students, Luc, Lucie and ‘you’, who specialise in painting (an art form that became unfashionable in France in the late 1990s) and the reason for the trio’s nickname: ‘Turpentine’.
The trigger for this novel, Carole Fives’s fifth book, was the suicide in 2017 of a Fine Arts teacher. But as Fives wrote Térébenthine the novel’s focus became more centred on the three students, and on what it is to be a Beaux-Arts student.
One of the novel’s themes is the issue of ‘invisibilisation’ and the importance of seeing oneself represented in the university curriculum. In one (highly filmic) scene, Lucie and ‘you’ give a lecture that challenges the lack of role models for women in the university curriculum.
Another theme is that of finding one’s vocation – ‘you’ will eventually realise that painting is perhaps not her path.
Térébenthine would appeal to any artist, be they a painter, sculptor, musician, or writer – anyone following, or wanting to follow, their dream in fact.
« Tu as pu réussir quelques toiles, un coup de chance, mais ça ne se reproduira peut-être jamais. Rien n’est gagné. Tout se rejoue à chaque fois. »
Dans Térébenthine (quel titre malin), il s’agit de trois étudiants aux Beaux-Arts de Lille – Luc, Lucie et ‘toi’ – dont la filière choisie est la peinture, une forme d’art devenue démodée en France vers la fin des années ‘90. D’où le surnom qu’on leur donne : « Térébenthine ».
L’un des déclencheurs pour ce roman de Carole Fives, son cinquième, était au départ le suicide en 2017 d’un professeur d’art plastique des Beaux-Arts. Mais au fur et à mesure de l’écriture le focus du livre est devenu plus centré sur les trois étudiants, et sur la vie d’étudiant.e aux Beaux-Arts.
L’un des thèmes du roman est la question de l’invisibilisation, et l’importance de se voir représenté.e dans le cursus universitaire. Dans une scène (très cinématographique), Lucie et ‘toi’ donnent un cours sur les artistes femmes, véritable pied-de-nez face à leur absence dans la formation.
Un autre thème abordé est celui de la recherche de sa vocation – le personnage désigné comme ‘toi’ se rendra enfin compte que la peinture n’est peut-être pas son vrai destin.
À part les futur.e.s ou ex étudiant.e.s, Térébenthine intéressera surtout, je crois, les artistes, qu’ils ou elles soient peintres, sculpteur.ice.s, musicien.ne.s ou écrivain.e.s – toute personne qui suit, ou qui cherche à suivre, son rêve, en fait.
Térébenthine de Carole Fives 1 - Reader : Mia Farlane
Térébenthine de Carole Fives 2 - Reader : Mia Farlane
Térébenthine de Carole Fives 3 - Reader : Mia Farlane
Térébenthine de Carole Fives 4 - Reader : Mia Farlane
Térébenthine de Carole Fives 5 - Reader : Mia Farlane
This incredible process of giving birth to oneself and the other
Aside from the crystal-clear title – Symbolic motherhood : Another Way of Being a Mother – note first the dedication: ‘To all my mothers’ , followed by a list of women of significant importance in the author Marie-Jo Bonnet’s life : her biological mother, her grandmothers (maternal and paternal), her ‘first extra-familial mother’, and Charlotte Calmis, her spiritual mother; then, last of all, ‘to all the women artists, writers, mystics, philosophers, psychoanalysts, and militants, who helped [her] to grow’.
All these women named above figure in this book, with a special place reserved to the ecofeminist Françoise d’Eaubonne, and to the poet, painter and spiritual mother Charlotte Calmis – whose poetry collection Gaïa et autres poèmes is due on 7 October from Interstices Éditions.
In La maternité symbolique, Marie-Jo Bonnet questions compulsory motherhood, denounces the baby-making business – be it by (GPA) ‘gestational surrogacy’ or by (PMA) ‘medially assisted procreation’. She deconstructs the patriarchal conceptual cladding (as well as Antoinette Fouque’s pathological ones) plastered over maternity/motherhood, and criticises the ‘Ubuesque laws’ around GPA (‘gestational surrogacy’ – more precisely, ‘surrogate motherhood) and PMA : two acronyms that lead, what’s more, to the invisibilising of the word ‘mother’ – which amounts to ‘matricide’.
Marie-Jo Bonnet also writes about her relationship with her mother, her beginnings in the women’s movement, her involvement with les Gouines Rouges (‘The Red Dykes’), her transformative friendship with Charlotte Calmis, and her trip to New York, where she stayed with Joan Nestle and Deborah Edel, co-founders of the Lesbian Herstory Archives.
It is sadly fitting that a chapter nearing the end is dedicated to the tragic Notre-Dame fire. The word ‘mother’ (from the Latin ‘mater’, from ‘mâ’, ‘to make /construct’) is linked to the word ‘materia’, meaning ‘wood’. I am grateful for the strength of hope that may be found in this book – I’ll leave you to find the ‘deux arbres’/ two trees.
La maternité symbolique : être mère autrement, by renowned historian and grassroots lesbian feminist Marie-Jo Bonnet, is to be placed alongside crucial feminist texts such as Christine de Pisan’s La cité des dames or the Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne by Olympe de Gouges. One of the most prolific contemporary French feminist writers there is, Marie-Jo Bonnet is our ‘historian mother’, you might say. In short : essential reading.
Here is a (non-exhaustive) list of people who figure in La maternité symbolique:
Charlotte Calmis ; Françoise d’Eaubonne, Éliette Abécassis, Monique Wittig, Simone de Beauvoir, Madame Guyon, Fénelon, Mirra Alfassa, Djuna Barnes, Natalie Barney, Joan Nestle, Deborah Edel, Michèle Causse, Gloria Steinem, Phénarète / Φαιναρέτη, Flora Tristan, Marija Gimbutas, Niki de Saint Phalle, Frida Kahlo, Ana Mendieta, Maud Séjournant …
ce formidable processus de mise au monde de soi et de l’autre
A part le titre on ne peut plus clair – La maternité symbolique : Être mère autrement – on peut noter d’abord la dédicace « À toutes mes mères », suivie d’une liste de femmes significatives dans la vie de l’auteure Marie-Jo Bonnet : sa mère biologique, ses grands-mères (maternelle et paternelle), sa « première mère extra-familiale », et Charlotte Calmis, sa mère spirituelle ; puis, pour finir, à « toutes les artistes, écrivaines, mystiques, philosophes, psychanalystes, militantes, qui [l]’ont aidée à grandir ».
Toutes ces femmes figurent dans ce livre, avec une place importante réservée à l’écoféministe Françoise d’Eaubonne, et à la poétesse, peintre et mère spirituelle Charlotte Calmis – dont le recueil de poèmes Gaïa et autres poèmes sort le 7 octobre chez Interstices Éditions.
Dans La maternité symbolique, Marie-Jo Bonnet remet en cause la maternité obligatoire, dénonce le marché de la maternité par la ‘gestation pour autrui’ (GPA) et de la ‘procréation médicalement assistée’ (PMA). Elle déconstruit le bardage conceptuel patriarcal (et celui pathologique d’Antoinette Fouque) collé à la maternité, et critique les lois « ubuesques » relatives à la GPA (plus précisément « maternité de substitution ») et à la PMA : deux sigles qui mènent, d’ailleurs, à l’occultation du mot « mère » – ce qui revient au « matricide ».
Marie-Jo Bonnet raconte aussi sa relation avec sa mère, ses débuts au MLF, sa participation aux Gouines Rouges, son amitié transformative avec Charlotte Calmis, et son voyage à New York où elle est hébergée chez Joan Nestle et Deborah Edel, les co-fondatrices des Lesbian Herstory Archives.
Il est tristement seyant qu’un chapitre vers la fin soit dédié au tragique incendie de Notre-Dame de Paris. Le mot « mère » (du latin « mater », de la racine « mâ », faire, construire) est lié au mot « materia », qui veut dire bois. Je suis reconnaissante pour la force d’espoir qu’on retrouve dans ce livre – je vous laisse trouver les « deux arbres ».
La maternité symbolique : être mère autrement de Marie-Jo Bonnet, historienne de renom et ‘lesbienne féministe de terrain’, est à placer aux côtés des textes cruciaux du féminisme, telles que La cité des dames de Christine de Pisan ou la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges. L’une des écrivaines féministes contemporaines les plus prolifiques qui soit, Marie-Jo Bonnet, c’est notre « mère historienne », pourrait-on dire. Bref : incontournable.
Voici une liste (non-exhaustive) de personnes qui figurent dans La maternité symbolique:
Charlotte Calmis ; Françoise d’Eaubonne, Éliette Abécassis, Monique Wittig, Simone de Beauvoir, Madame Guyon, Fénelon, Mirra Alfassa, Djuna Barnes, Natalie Barney, Joan Nestle, Deborah Edel, Michèle Causse, Gloria Steinem, Phénarète / Φαιναρέτη, Gertrude Stein, Flora Tristan, Marija Gimbutas, Niki de Saint Phalle, Frida Kahlo, Ana Mendieta, Maud Séjournant …
The story takes place in France between the 5th and the 16th of September 2001 – two parallel stories, in fact, triggered by a fight between a woman and her husband: Hélène (who writes but doesn’t yet call herself a writer) leaves her husband, Sébastien (a journalist at AFP), with their five-year twins, and goes (her husband doesn’t know it) on a ten-day ‘Vipassana’ (means ‘conditioning’) meditation course; Sébastien, who only knows that Hélène will be back in ten days, ruminates during her absence, looks after the children (it’s a busy time, the start of the new school year) and continues his work as a journalist (against the backdrop of 9/11). What first drew me to this novel Sankhara (means ‘that which puts together’ in Pali) was not these dramatic events, but the contrasting perspectives in the book’s narrative – between a journalist and a fiction writer. Also, knowing that the author, Frédérique Deghelt , used to be a journalist at AFP, I imagined she’d know what she was writing about – and the novel does include many astute observations around these two very different vocations. The second attraction for me (for some people I imagine, it would have the opposite effect) was the challenge for the reader of this book (half of which, after all, is set on a silent retreat) to accept going at a slower pace. .
L’histoire se passe en France entre le 5 septembre et le 16 septembre 2001 – il s’agit de deux histoires, en fait, en parallèle, dont le déclencheur est une dispute entre une femme et son mari : Hélène (qui écrit mais n’assume pas encore le fait qu’elle soit écrivaine) laisse son mari, Sébastien (journaliste à l’AFP), avec leurs jumeaux âgés de cinq ans, et part pendant dix jours – pour (son mari ne le sait pas encore, mais) un stage de méditation ‘Vipassana’ (veut dire ‘les choses telles qu’elles sont); Sébastien, lui, qui sait juste qu’ Hélène va revenir dans dix jours, rumine pendant ce temps, s’occupe de leurs enfants (c’est la rentrée scolaire) et continue à faire son travail de journaliste (sur fond de 11 septembre). Le premier attrait, pour moi, de ce roman, Sankhara (un mot Pali qui veut dire « ce qui met ensemble ») ce n’était pas ces évènements dramatiques, mais surtout le contraste de perspectives dans la narration – en l’occurrence entre un journaliste et une écrivaine. (Ajouter à cela le fait que l’auteure de Sankhara, Frédérique Deghelt, ait été, dans sa vie antérieure, journaliste à l’AFP – je me suis dit qu’elle saurait de quoi elle écrit. En effet ce roman contient bien des observations astucieuses sur ces deux vocations très différentes.) Le deuxième attrait, pour moi (pour certains, cela pourrait produire l’effet contraire, j’imagine) c’était le challenge que posait ce livre (dont la moitié de l’histoire se passe quand même dans une retraite silencieuse) : d’accepter le ralentit.
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La grande librairie Destins de femmes – présenté par François Busnel: François Busnel réunit cinq écrivaines pour évoquer avec elles leurs derniers ouvrages qui ont en commun de narrer des destins de femmes. Tatiana de Rosnay, Gaëlle Nohant, Shumona Sinha, Nelly Alard et Frédérique Deghelt. (diffusé le mer. 29.04.20)
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Je suis née morte Nathalie Heirani Salmon-Hudry Au vent des Iles, Collection Littérature du Pacique, 2012 152 pages
Vi Nimö literary prize in New Caledonia in 2015
Nathalie Heirani Salmon Hudry dit (dans un TED Talk) qu’écrivant Je suis née morte elle voulait ‘écrire vrai’ : et quel cadeau pour le lecteur / la lectrice. Ce livre, écrit à l’aide d’un « pointeur frontal » par une écrivaine tahitienne dans sa vingtaine, raconte la vie d’une personne souffrant d’une paralysie cérébrale, à la suite – dans son cas – d’une erreur médicale à la naissance. L’auteure raconte ses luttes et ses succès; comment elle surmonte ou non certains obstacles; la gratitude qu’elle ressent – pour l’aide pratique et l’amour – envers sa mère, sa marraine, ses professeurs, ainsi que d’autres personnes. Ce livre raconte la compréhension unique, les rires et l’amitié, qui peuvent exister entre personnes handicapées. Il parle aussi de la dépression et du désespoir – qui peuvent toucher tout groupe et âge – et le rétablissement qui peut venir lorsqu’on sait qu’on n’est pas seul à souffrir d’un tel désespoir. Quelle chance que j’ai d’avoir découvert cette auteure. J’ai comme ce sentiment présomptueux qu’on peut avoir parfois, en tant que lecteur, de m’être fait une nouvelle amie.
Nathalie Heirani Salmon Hudry says (in a TEDtalk, with subtitles in French) that, in writing Je suis née morte (I Was Still-Born) she wanted to: ‘écrire vrai’; which I’d translate as ‘to be real in [her] writing’. And what a gift to the reader that is. This book, written with a head-pointer, by a Tahitian woman in her twenties, is about life as a person with Cerebral Palsy as the result (in this case) of a medical error at birth. It is about Salmon Hudry’s struggles and successes; overcoming and not always overcoming barriers; about gratitude, for practical help and love, to her mother, godmother, teachers and others; it is about the particular understanding, laughter and friendship, that is possible between people with disabilities. It is, also, about depression and despair – a condition that cuts across all groups and ages – and the recovery that can come from knowing you aren’t alone in your despair. How lucky I am to have discovered this writer. I have that presumptuous feeling readers can sometimes have – almost as if I have found a new friend.
Nos vies Marie-Hélène Lafon Buchet-Chastel, août 2017 192 pages
A short book with a simple structure, Nos vies (Our Lives) by Marie-Hélène Lafon, is about a retired woman Jeanne Santoire, who observes two people in her local Francprix supermarket – Gordana, the cashier at checkout counter number four and the customer who is secretly in love with her – and, like a detective (or a writer), Jeanne makes up a story about their lives. She invents what she doesn’t know about these – you might have to call them – ‘characters’ (although they, like Jeanne, feel like real people), and weaves into this narrative thoughts about her own life: her parents, her ex-lover Karim who disappeared out her life twenty years ago, her neighbours, and people from the choir where she sings. Nos vies is about people who are very alone. But it is worth noting the word ‘Nos’ (‘Our’) in the title – that recognises we are not alone in finding life difficult. Nos vies is about empathy, being curious about others, and, I’d say, about that very zeitgeist concept: resilience.
Nos vies par Marie-Hélène Lafon est un livre court avec une structure simple : une femme retraitée, Jeanne Santoire, observe deux personnes à son Francprix local – Gordana, la caissière à la caisse quatre et un client qui l’aime en secret – et comme une détective (ou bien une écrivaine) Jeanne crée une histoire autour de leurs vies. Elle invente ce qu’elle ne sait pas à propos de ces – il faudrait les appeler – ‘personnages’ (quoiqu’ils semblent être, comme Jeanne, des personnes réelles). Jeanne tisse dans ce récit des pensées sur sa propre vie : ses parents, son ex-amant Karim qui a disparu il y a une vingtaine d’années, ses voisins, et les personnes du chœur où elle chante. Nos vies raconte la vie de gens qui sont très seuls. Mais il est à noter dans ce titre le mot ‘Nos’ qui rappelle qu’on n’est pas seul à trouver la vie difficile. Nos vies est un roman sur l’empathie, sur la curiosité à l’égard d’autrui, et, je dirais aussi, sur ce concept tellement dans l’air du temps : la résilience.
Marie-Hélène Lafon présente son invention « Nos vies »: La Grande Librairie Published on 3 Nov 2017