Marie-Jo Bonnet : La maternité symbolique Être mère autrement (Albin Michel, 2020)

La maternité symbolique:
ce formidable processus de mise au monde de soi et de l’autre

Marie-Jo Bonnet  La maternité symbolique:

This incredible process of giving birth to oneself and the other

 

Aside from the crystal-clear title – Symbolic motherhood : Another Way of Being a Mother – note first the dedication: ‘To all my mothers’ , followed by a list of women of significant importance in the author Marie-Jo Bonnet’s life : her biological mother, her grandmothers (maternal and paternal), her ‘first extra-familial mother’, and Charlotte Calmis, her spiritual mother; then, last of all, ‘to all the women artists, writers, mystics, philosophers, psychoanalysts, and militants, who helped [her] to grow’.

All these women named above figure in this book, with a special place reserved to the ecofeminist Françoise d’Eaubonne, and to the poet, painter and spiritual mother Charlotte Calmis – whose poetry collection Gaïa et autres poèmes is due on 7 October from Interstices Éditions.

In La maternité symbolique, Marie-Jo Bonnet questions compulsory motherhood, denounces the baby-making business – be it by (GPA) ‘gestational surrogacy’ or by (PMA) ‘medially assisted procreation’.  She deconstructs the patriarchal conceptual cladding (as well as Antoinette Fouque’s pathological ones) plastered over maternity/motherhood, and criticises the ‘Ubuesque laws’ around GPA (‘gestational surrogacy’ – more precisely, ‘surrogate motherhood) and PMA : two acronyms that lead, what’s more, to the invisibilising of the word ‘mother’ – which amounts to ‘matricide’. 

Marie-Jo Bonnet also writes about her relationship with her mother, her beginnings in the women’s movement, her involvement with les Gouines Rouges (‘The Red Dykes’), her transformative friendship with Charlotte Calmis, and her trip to New York, where she stayed with Joan Nestle and Deborah Edel, co-founders of the Lesbian Herstory Archives.  

It is sadly fitting that a chapter nearing the end is dedicated to the tragic Notre-Dame fire.  The word ‘mother’ (from the Latin ‘mater’, from ‘mâ’, ‘to make /construct’) is linked to the word ‘materia’, meaning ‘wood’.  I am grateful for the strength of hope that may be found in this book – I’ll leave you to find the ‘deux arbres’/ two trees.    

La maternité symbolique : être mère autrement, by renowned historian and grassroots lesbian feminist Marie-Jo Bonnet, is to be placed alongside crucial feminist texts such as Christine de Pisan’s La cité des dames or the Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne by Olympe de Gouges.  One of the most prolific contemporary French feminist writers there is, Marie-Jo Bonnet is our ‘historian mother’, you might say.  In short : essential reading.

Here is a (non-exhaustive) list of people who figure in La maternité symbolique:

Charlotte Calmis ; Françoise d’Eaubonne, Éliette Abécassis, Monique Wittig, Simone de Beauvoir, Madame Guyon, Fénelon, Mirra Alfassa, Djuna Barnes, Natalie Barney, Joan Nestle, Deborah Edel, Michèle Causse, Gloria Steinem, Phénarète / Φαιναρέτη, Flora Tristan, Marija Gimbutas, Niki de Saint Phalle, Frida Kahlo, Ana Mendieta, Maud Séjournant

 

Other books by Marie-Jo Bonnet

Mon MLF (Albin Michel, 2018)

Simone de Beauvoir et les femmes (Albin Michel, 2015)

Adieu les rebelles (Café Voltaire, 2014)

Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (Odile Jacob, 2004)

Les Relations amoureuses entre les femmes (Odile Jacob, 1995, 2001)

(and the list continues …)

 

Marie-Jo Bonnet – La maternité symbolique :

ce formidable processus de mise au monde de soi et de l’autre 

 

A part le titre on ne peut plus clair – La maternité symbolique : Être mère autrement – on peut noter d’abord la dédicace « À toutes mes mères »,  suivie d’une liste de femmes significatives dans la vie de l’auteure Marie-Jo Bonnet : sa mère biologique, ses grands-mères (maternelle et paternelle), sa « première mère extra-familiale », et Charlotte Calmis, sa mère spirituelle ; puis, pour finir, à « toutes les artistes, écrivaines, mystiques, philosophes, psychanalystes, militantes, qui [l]’ont aidée à grandir ».

Toutes ces femmes figurent dans ce livre, avec une place importante réservée à l’écoféministe Françoise d’Eaubonne, et à la poétesse, peintre et mère spirituelle Charlotte Calmis – dont le recueil de poèmes Gaïa et autres poèmes sort le 7 octobre chez Interstices Éditions.

Dans La maternité symbolique, Marie-Jo Bonnet remet en cause la maternité obligatoire, dénonce le marché de la maternité par la ‘gestation pour autrui’ (GPA) et de la ‘procréation médicalement assistée’ (PMA).  Elle déconstruit le bardage conceptuel patriarcal (et celui pathologique d’Antoinette Fouque) collé à la maternité, et critique les lois « ubuesques » relatives à la GPA (plus précisément « maternité de substitution ») et à la PMA : deux sigles qui mènent, d’ailleurs, à l’occultation du mot « mère » – ce qui revient au « matricide ». 

Marie-Jo Bonnet raconte aussi sa relation avec sa mère, ses débuts au MLF, sa participation aux Gouines Rouges, son amitié transformative avec Charlotte Calmis, et son voyage à New York où elle est hébergée chez Joan Nestle et Deborah Edel, les co-fondatrices des Lesbian Herstory Archives.  

Il est tristement seyant qu’un chapitre vers la fin soit dédié au tragique incendie de Notre-Dame de Paris.  Le mot « mère » (du latin « mater », de la racine « mâ », faire, construire) est lié au mot « materia », qui veut dire bois.  Je suis reconnaissante pour la force d’espoir qu’on retrouve dans ce livre – je vous laisse trouver les « deux arbres ».    

La maternité symbolique : être mère autrement de Marie-Jo Bonnet, historienne de renom et ‘lesbienne féministe de terrain’, est à placer aux côtés des textes cruciaux du féminisme, telles que La cité des dames de Christine de Pisan ou la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges.  L’une des écrivaines féministes contemporaines les plus prolifiques qui soit, Marie-Jo Bonnet, c’est notre « mère historienne », pourrait-on dire.  Bref : incontournable.

 

Voici une liste (non-exhaustive) de personnes qui figurent dans La maternité symbolique:

Charlotte Calmis ; Françoise d’Eaubonne, Éliette Abécassis, Monique Wittig, Simone de Beauvoir, Madame Guyon, Fénelon, Mirra Alfassa, Djuna Barnes, Natalie Barney, Joan Nestle, Deborah Edel, Michèle Causse, Gloria Steinem, Phénarète / Φαιναρέτη, Gertrude Stein, Flora Tristan, Marija Gimbutas, Niki de Saint Phalle, Frida Kahlo, Ana Mendieta, Maud Séjournant

Regardez: Marie-Jo Bonnet : « Le féminisme est un combat collectif »



Other books by Marie-Jo Bonnet

Mon MLF (Albin Michel, 2018)

Simone de Beauvoir et les femmes (Albin Michel, 2015)

Adieu les rebelles (Café Voltaire, 2014)

Qu’est-ce qu’une femme désire quand elle désire une femme ? (Odile Jacob, 2004)

Les Relations amoureuses entre les femmes (Odile Jacob, 1995, 2001)

(et la liste continue …)


Edited by Marie-Jo Bonnet:

Gaïa et autres poèmes (Interstices Éditions, 2020)

 

 

      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 1 - Reader: Mia Farlane
      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 2 - Reader: Mia Farlane
      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 3 - Reader: Mia Farlane
      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 4 - Reader: Mia Farlane
      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 5 - Reader: Mia Farlane
      La maternité symbolique Marie-Jo Bonnet 6 - Reader: Mia Farlane

N.B:
Charlotte Calmis : Gaïa et autres poèmes
sort le 7 octobre chez Interstices Éditions.

 

 

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Guillaume Apollinaire : Faire l’amour et faire la guerre ; Sous la direction éditoriale de Jean-Pierre Guéno (Le Passeur, 2020)

Faire l’amour et faire la guerre
(Le Passeur, 2020)
Guillaume Apollinaire
Sous la direction éditoriale de Jean-Pierre Guéno
La correspondance inédite en un seul volume des lettres d’Apollinaire aux femmes qu’il a aimées, et à deux allégories, la guerre et la mort.
672 pp

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Voici, publié pour la première fois, toute l’écriture érotique épistolaire (dont des poèmes) de Wilhem Albert Vladimir Apollinaris de Kostrowitzky : toutes les lettres envoyées à quatre femmes qu’il a aimées.  Né à Rome en 1880 d’une mère polono-biélorusse, Albert Kostrowitzky a grandi dans un univers trilingue : français, polonais et italien).  Pendant son enfance, il a beaucoup voyagé avec sa mère en Europe.  A l’âge de 18 ans, il part vivre en France, et à 20 ans le futur auteur du ‘Pont Mirabeau’ (un poème dédié à son ex-amante, la peintre Marie Laurencin) prend pour pseudonyme Guillaume Apollinaire.  En 1914, il s’engage dans l’armée comme artilleur ; et obtient ainsi, deux ans plus tard, la nationalité française – six jours avant d’être blessé à la tempe par un éclat d’obus. En 1918, Guillaume Apollinaire, poète, dramaturge, nouvelliste, journaliste, romancier, éditeur de magazine, critique d’art et inventeur des termes « surréalisme » et « orphisme », et du calligramme, meurt à l’âge de 38 ans, de la grippe espagnole.  

Lire le recueil de lettres d’Apollinaire, c’est un peu comme tomber sur des journaux intimes (sans censure). Apollinaire estimait beaucoup ‘la franchise’.  Il « charge la lettre et il charge la parole » nous dit Laurence Campa, sa biographe (Gallimard, 2013) « de faire les choses pour lui, d’incarner à distance la caresse ». Il est dommage que les poèmes calligrammes n’aient pas été mis en page dans Faire l’amour et faire la guerre comme des calligrammes ; des notes faisant référence à cet effet (tels que : ‘calligramme en la forme d’étoile, calligramme en forme de canon) y font place.  L’éditeur, Jean-Pierre Guéno, discret, ne propose qu’une introduction fort concise, de courtes interruptions explicatives au fil du recueil, et, à la fin de « l’ouvrage, une chronologie et de très brefs ‘Que sont-elles devenues ?’ concernant les destinataires des lettres. J’aurais trouvé très utile si, en plus de cela, il y avait eu un index et quelques notes de bas de pages.  Cela dit, le livre fait déjà 672 pages, alors …

Les lettres, véritable un tour de force de prestation littéraire, se lisent comme une série de courts ‘one-man show’ – avec par exemple, dans la Lettre à Lou, datée du 28 janvier 1914, une petite querelle entre amoureux, suivie d’une réconciliation amoureuse élaborée. On peut aussi lire les réflexions d’Apollinaire sur ce qu’est être poète, et sur sa conception de la vie dans, par exemple, la Lettre à Madeleine, datée du 14 septembre 1915 : « je n’aime pas qu’on regarde les travers les vices ou les laideurs de l’homme sans sourire ce qui est une façon de comprendre et une façon de remédier en quelque sorte à notre misère en la voilant de grâce intelligente, dût-on en sangloter après ».  

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Here, published together for the first time, is all the erotic epistolary writing (with poems) of Wilhem Albert Vladimir Apollinaris de Kostrowitzkty: his letters to four women he loved.  Albert Kostrowitzky, born in Rome, in 1880, of a Polish-Belarusian mother, grew up speaking three languages, French, Italian and Polish, and travelled with his mother around Europe as a child.  At 18, he moved to France, and at 20 the future author of ‘The Pont Mirabeau’ (a poem dedicated to his then ex-lover, the painter Marie Laurencin) took the pseudonym to Guillaume Apollinaire.  In 1914, he enlisted as an artilleryman; thus, two years later gaining his French nationality – six days before he was wounded in the temple by shrapnel.  In 1918, Guillaume Apollinaire, the poet, inventor of the calligram and of terms ‘surrealism’ and ‘orphism’, playwright, short story writer, journalist, novelist, magazine editor and art critic, died, at 38, in the Spanish flu pandemic.

Reading Apollinaire’s anthology of letters is a lot like finding someone’s uncensored diaries.  Apollinaire placed great value on ‘la franchise’ (directness), and he ‘gives the letters and what he writes in them’, as Laurence Campa, author of the biography Guillaume Apollinaire (Gallimard, 2013) points out, ‘the task of doing things for him, to embody, from a distance, a caress’.  It’s a pity the poems that are calligrams are not set out in Faire l’amour et faire la guerre as calligrams; notes to this effect (such as: ‘calligram in the shape of a star’, ‘calligram in the shape of a canon’) may be found instead.  As an editor, Jean-Pierre Guéno is unobtrusive, providing a helpful, concise introduction, brief explanatory interruptions throughout this anthology, and, at the end, a chronology and ‘What became of them?’ short bios concerning the letters’ recipients.  I’d have found it helpful if, added to this, there’d been an index and footnotes.  But in that this book is already 672 pages long …

The letters are a tour de force literary performance that read like a series of one-man act short plays – see, for example the letter from Nîmes, 28 Janvier, 1914, involving a lover’s tiff and that ends with an elaborate coming together.  You can also read Apollinaire’s comments on what it is to be a poet, and (see 14 Sep, 1915) his take on life:    ‘I don’t like it when people look at man’s failings, his defects, or his ugliness, without a sense of humour, which is a way of understanding and healing our misery to some extent by veiling it with a perceptive grace, even if you have to sob afterwards.’

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Faire l’amour et faire la guerre (la critique): 1er paragraphe (reader: Mia Farlane)
Faire l’amour et faire la guerre (la critique): 2ème paragraphe (reader: Mia Farlane)
Faire l’amour et faire la guerre (la critique): 3ème paragraphe (reader: Mia Farlane)

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Apollinaire, Les Poèmes à Lou de Guillaume Apollinaire France Culture
LAURENCE CAMPA
Guillaume Apollinaire (Collection NRF Biographies, Gallimard)

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