Olivier Adam : Dessous les roses (Flammarion, 2022)

Dessous les roses (Flammarion, 2022) Olivier Adam

« J’écris de la fiction, on me dit que c’est de l’autobiographie, j’écris de l’autobiographie, on me dit que c’est de la fiction »

Philip Roth, Tromperie

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Je savais que j‘allais aimer Dessous les roses – c’est d’Olivier Adam et puis il s’agit d’une fratrie adulte qui séjourne dans la maison parentale lors des obsèques de leur père.  Leur mère, en mauvaise santé, reste en haut, ils boivent, les ressentiments se font entendre.  Douloureux, hilarant (le dialogue est superbe), émouvant. 

Légèrement Ibsenesque, le ton vaguement similaire au film August Osage County, ce roman est (structuré comme) une pièce, en trois actes, et suit, presqu’à la lettre, les règles du théâtre classique : un lieu, un sujet (principal), un trois jours.  La sœur aînée, Claire, travaille dans un hôpital, le cadet, Antoine, est un businessman qui vote à droite.  Le frère du milieu, Paul, est un écrivain gai célèbre, qui puise dans sa famille le matériau (cf. Edouard Louis et Knausgård) de ses scénarios de film et de pièces de théâtre. 

C’est par le biais d’Antoine – qui résume de façon rancunière les traits de son alter ego fictif et ceux de sa sœur etc. – que l’on découvre d’abord quelques détails vraisemblablement exacts sur la vraie famille de Paul.  Antoine explique à sa sœur pourquoi elle s’en sort mieux que lui : « tu bosses à l’hôpital […] et puis tu votes à gauche. »

Je ne sais si on était supposé rire, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.   L’expression ‘comprenne qui pourra’ vient d’abord à l’esprit – et puis ces portraits trop simplifiés se transforment en des personnages à trois dimensions au fil du livre et comme les secrets sont dévoilés, si ce n’est qu’aux lecteur·ice·s.  C’est ingénieux– le point de vue change de chapitre en chapitre, avec la plupart des personnages (mais pas tous) ayant son tour.  J’adorerais entendre l’auteur parler de tout cela, mais l’audience devrait avoir lu tout le livre – au risque d’un grave divulgâchage.

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‘I write fiction and I’m told it’s an autobiography, I write an autobiography and I’m told it’s fiction’

Philip Roth, Deception

I knew I was going to love Dessous les roses – it’s by Olivier Adam and it’s about three adult siblings staying at the family home around the time of their father’s funeral.  Their mother is unwell upstairs, they drink and resentments get an airing.  Painful, hilarious (the dialogue is superb), moving. 

Slightly Ibsenesque, vaguely August Osage County, this novel is (set out like) a play, in three acts, and (almost) respects the rules of classical theatre: one setting, one (main) issue, one three days.  The oldest sibling, Claire, works at a hospital and the youngest sibling, Antoine, is a right-wing businessman.  The middle sibling, Paul, is a famous gay writer, who draws on his family for material (cf. Edouard Louis and Knausgaard) in his theatre and film scripts. 

It’s from Antoine – who angrily summarises his fictive alter ego’s character traits and those of his sister etc – that the reader first learns a few presumably accurate details about Paul’s real family.  Antoine tells his sister she comes out better than he does because ‘you work in a hospital and you vote left-wing’. 

I don’t know if you were meant to laugh, but I couldn’t help it.  The expression ‘if the cap fits’ comes to mind at first – and then these oversimplified portraits fill out into three-dimensional characters as the book progresses and secrets are shared, at least with the reader.  It’s ingenious – point of view switches from chapter to chapter, with most (but not all) characters having their turn.  I’d love to hear a discussion with the author around all of that.  But the audience would all have to have read the book first – because it would involve major spoilers.

 Ps en musiquela chanson de Barbara, Nantes – qui contient la phrase ‘dessous les roses’

Gilles Paris : Le bal des cendres (Editions Plon, 2022)

Book cover: Le bal des cendres
& photo of author Gilles Paris – photo credit: Didier Gaillard-Hohlweg

Le bal des cendres (Editions Plon, 2022) Gilles Paris

 

Reading Le bal des cendres (The Dance of the Ashes) is like being in the company of some very charming (perhaps not always trustworthy) people you could quite easily fall in love with for their wit alone.  The advantage, though, of this being a novel and not a love affair is that you can, unlike some of the characters, come out of it in one piece. 

The story centres on a group of people staying at a small hotel on the volcanic island of Stromboli.  And one of the central characters is ‘Struognoli’, the island’s volcano – giving an added ‘I won’t say what’ to the dictum ‘character is plot’ (F Scott Fitzgerald).    

When talking about his latest novel, Gilles Paris says ‘we’re all very good at hiding a certain number of things we don’t want to say’ (Online author events ‘Un endroit où aller’ 6/5/22).  In this multi-voice novel, the story unfolds, from short chapter to short chapter, like a dance, where you keep changing partners; secrets are revealed.  But also insights, and therefore compassion.  And this is how Gilles Paris achieves these three-dimensional characters made of ‘blood, bone, muscle’ and that are ‘fallible and complicated’  (Gilles Paris, idem).

I think this book might appeal to fans of Graham Greene, Agatha Christie, or Françoise Sagan, to name just three.  Or simply readers in need of a holiday in the sun.

 

Thank you, Gilles Paris and Éditions Plon, for having sent me a signed copy of this beautiful book.

 

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Lire Le bal des cendres, c’est comme être en compagnie de personnes charmantes (mais peut-être pas toujours fiables) dont on pourrait facilement tomber amoureux rien que pour leur bel esprit.  Mais l’avantage du fait qu’il s’agisse ici d’un roman et non pas d’une vraie histoire d’amour, c’est que l’on peut, contrairement à quelques-uns des personnages de ce livre, s’en sortir indemne. 

L’histoire met en scène des vacanciers qui séjournent dans un petit hôtel sur l’île volcanique de Stromboli.  En fait, l’un des personnages principaux est le volcan ‘Struognoli’ – ce qui ajoute un ‘je ne dirai quoi’ au dicton ‘le personnage, c’est l’intrigue’ (F Scott Fitzgerald).   

En parlant de son dernier roman, Gilles Paris remarque que « on a tous l’art de dissimuler un certain nombre de choses qu’on ne veut pas dire » (Rencontre Un endroit où aller 6/5/22).  Dans ce roman choral, l’histoire se déroule, de court chapitre en court chapitre, comme une danse où l’on change un partenaire ; les secrets sont révélés.  Mais aussi les compréhensions, et donc la compassion.  Et c’est de cette façon que Gilles Paris crée ces personnages à trois dimensions qui ont « du sang, des os, du muscle » et qui sont « faillibles et compliqués »  (Gilles Paris, idem).

Je pense que ce livre devrait plaire aux fans de Graham Greene, d’Agatha Christie, ou encore de Françoise Sagan, pour ne citer que ces trois-là.  Ou simplement aux lecteur·ice·s en manque de vacances au soleil.

 

Merci à Gilles Paris et aux Éditions Plon, de m’avoir envoyé une copie dédicacée de ce beau livre.

 

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Maïssa Bey : Nulle autre voix (Éditions de l’aube, 2018)

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Nulle autre voix
(Éditions de l’aube, 2018)

de Maïssa Bey

 

Dire que dans Nulle autre voix Maïssa Bey dénonce la violence faite aux femmes ne serait pas faux.  Ce serait seulement un peu trompeur, et fâcheusement réducteur.  Car Nulle autre voix, c’est surtout un roman subtil et sans concession sur le pouvoir libérateur de l’écriture. 
     Ça commence, comme dans une pièce de théâtre classique, par trois coups : l’histoire se déroule dans l’Algérie actuelle ; une femme tue son mari violent.  Après quinze années de prison, elle retourne dans son appartement où elle vit désormais seule et ne sort que pour faire ses courses – tôt le matin pour éviter de voir du monde : un confinement qu’elle “choisit” pour se protéger contre la malveillance des gens qui la jugent.  Mais voila qu’une femme « qui se dit écrivaine » frappe à sa porte : elle veut écrire un « roman non-fictionnel » inspiré de l’histoire vraie de cette ex-détenue – qui accepte la proposition de se confier.  Une décision déclencheuse de chaque page du livre Nulle autre voix, puisque, la narratrice (la vraie écrivaine, pourrait-on dire) se met, alors, à écrire, elle, à se raconter, chaque soir, dans ses carnets. 

 

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It would not be untrue to say that in Nulle autre voix (No Other Voice) Maïssa Bey denounces violence against women.  It would just be a little misleading – and sadly reductive.  Because Nulle autre voix, is above all a subtle, uncompromising novel about the liberating power of writing. 
     It begins, like a classic French play, with ‘les trois coups’ (three blows): the story is set in contemporary Algeria; a woman kills her violent husband.  After fifteen years in prison, she has gone back to her flat where she now lives alone, going out only to do her shopping – first thing in the morning, to avoid seeing people : a self-isolation that she has ‘chosen’ in order to protect herself against the malice of people who judge her.  But one day a woman ‘who calls herself a writer’ knocks at her door: she wants to write a ‘non-fictional novel’ based on the true story of this ex-convict – who agrees to tell her story.  A decision that triggers every page of Nulle autre voix, since the narrator (the real writer, one might say) starts to write, to tell her own story, every night, in her exercise book.

 

Books by Maïssa Bey available in English:


Do You Hear in the Mountains… and Other Stories (University of Virginia Press, 2018) Maïssa Bey. Translated by Erin Lamm. Afterword by Alison Rice

Above All, Don’t Look Back (University of Virginia Press, 2018) Maïssa Bey.  Translated by Senja L. Djelouah; introduction by Mildred P. Mortimer

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