Souad Labbize : Enfiler la chemise de l’aïeule الجدة قميص ارتداء (Éditions des lisières / collection Hêtraie, 2021)

Souad Labbize
Enfiler la chemise de l’aïeule
الجدة قميص ارتداء
(Éditions des lisières / collection Hêtraie, 2021)
Bilingue français-arabe.
Traduction en arabe de Dhia Bousselmi
Couverture d’Annie Kurkdjian (www.anniekurkdjian.com)
58 pp

Souad Labbize is a literary translator, novelist, poet and editor. She lived in Algeria, Germany and Tunisia before making Toulouse her home. Slipping on my Grandmother’s Shirt is a collection of 25 poems that ‘evoke Algeria, a country connected, for [Souad Labbize], with childhood, with the mother figure, and with the author’s heritage as concerns both language and emancipation’ (editor’s description).

These poems are like very short stories that are both simple and profound. The eponomous poem (page 37) is about what is required for empathy: you have to slide naked / down the ramp of time / and slip on your grandmother’s shirt / to understand.

One poem is a (genius) metaphor for indecision, thought without action: You are one of those women / who go nowhere / you go over and over / what might be possible / and end up unpacking / your invisible suitcase.

Another (page 39) – At the butcher’s each woman / waits her turn / thinking she’s a customer – is an image, a moment in time, and an unmissably feminist poem.

The brevity and depth of these deceptively light-touch poems remind me of American Kay Ryan’s poetry. What a discovery. To read more, see Drafts of Love: five poems by Souad Labbize, translated from French and Arabic by Susanna Lang and Kay Keikkinen, in The Literary Review.

Thank you to Reuben Lane and Simon, for buying me this book some months ago at Violette and Co. in Paris.

(English translations of poems above © Mia Farlane)

.

.

Souad Labbize est traductrice littéraire, autrice de recueils de poésie, romancière et éditrice. Elle a vécu à Alger, en Allemagne et à Tunis avant de s’établir à Toulouse. Enfiler la chemise de l’aïeule est un recueil de 25 poèmes ‘évoquant l’Algérie, pays lié, pour l’auteur, à l’enfance, à la figure maternelle ainsi qu’à son héritage en matière de langue et d’émancipation’ (note de l’éditeur).

Ces poèmes sont comme de très courtes nouvelles qui sont à la fois simples et profondes. Dans le poème éponyme (page 37) il s’agit de ce qui est requis pour avoir de l’empathie: Il faut glisser nue / sur la rampe du temps / enfiler la chemise de l’aïeule / pour comprendre.

Un des poèmes est une métaphore (géniale) de l’indécision, la pensée sans suite: Tu es de celles / qui ne vont nulle part / / tu fais et refais / le tour des possibles / reviens ranger / ton bagage invisible.

Un autre (page 39) – A la boucherie chacune / attend son tour / croyant être cliente – est une image, un moment dans le temps, et un poème immanquablement féministe.

La brièveté et la profondeur de ces poèmes apparemment légers me font penser à la poésie de l’Américaine Kay Ryan. Quelle trouvaille.

Merci à Reuben Lane et à Simon, de m’avoir acheté ce livre il y a quelques mois chez la librairie Violette and Co., à Paris.

Gilles Paris : Un baiser qui palpite là, comme une petite bête (Gallimard Jeunesse, 2021)

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête (Gallimard Jeunesse, 2021) Gilles Paris

Gilles Paris has written ten books, including the bestseller My Life as a Courgette and Next to Nothing Can Cause Some Hearts to Fail.  His nineth book, Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, is a Young Adult multi-voice novel that should, I think – because of its subject matter – be of interest to many adult readers. 

The novel begins with a teenage girl’s suicide, which will lead to some young people at her school reassessing their behaviour and attitudes.  Un baiser qui palpite là, comme une petite bête is about shame and the terrible consequences of mass judgementalism – a timeless phenomenon made worse by social media. 

The title – ‘A kiss that quivers there, like a tiny creature’ – is taken from the famous poem ‘Roman’ by Rimbaud, the one that begins ‘You’re not serious when you’re seventeen’.  So: #sex and #drugs and #music (an audio version of this book might include a playlist of the music that the characters listen to). But also #books (including J. D. Salinger’s The Catcher in the Rye); the two main characters Tom and his twin sister Emma are both big readers.

It’s a beautifully framed novel.  When I got to the very satisfying end of this moving book, I understood why the first chapter had to be as it is: powerful and uncompromising. 

.

.

Gilles Paris a écrit dix livres, dont le bestseller Autobiographie d’une courgette et Certains cœurs lâchent pour trois fois rien.   Un baiser qui palpite là, comme une petite bête est un roman choral jeune adulte qui devrait, je crois – par son sujet – intéresser nombreux/ses lecteurs/rices adultes.

Le roman commence par le suicide d’une jeune fille, un évènement qui mènera à une mise en cause par certains jeunes à son lycée.  Les deux thèmes principaux de ce roman sont ‘la honte’ et l’esprit de jugement en masse : des problèmes de tous les temps – exacerbés par les réseaux sociaux. 

Le titre – ‘Un baiser qui palpite là, comme une petite bête’ – vient du célébrissime poème ‘Roman’ de Rimbaud, celui qui commence par ‘On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans’.  Alors : #sexe et #drogue et #musique (une version audio pourrait inclure la playlist des musiques qu’écoutent les personnages) – mais aussi #livres (y compris L’Attrape-cœurs de Salinger) ; les deux personnages principaux, Tom et sa jumelle Emma, sont tous les deux de gros lecteurs.

Les premiers et derniers chapitres sont comme un cadre pour ce roman ;  lorsque je suis arrivée à la fin de ce livre très émouvant, j’ai compris pourquoi le premier chapitre devait être aussi fort et sans compromis.   

Gilles Paris : Certains cœurs lâchent pour trois fois rien : de l’ombre vers la lumière (Flammarion, 2021)

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien :
de l’ombre vers la lumière

(Flammarion, 2021)
Gilles Paris



Written by the author of the bestselling My Life as a Courgette, Gilles Paris, Next to Nothing Can Cause Some Hearts to Fail will be of as much interest to writers and people working (like the author) in publishing, as it will be to people who suffer from depression. 

Next to Nothing Can Cause Some Hearts to Fail – something a doctor said to Gilles Paris after one of his suicide attempts – is a very honest book about mental health recovery.  It therefore offers hope to those who have suicidal ideation, and insight to those closest to them. 

Gilles Paris tells of the importance of kindness and empathy in the recovery process.  How exercise helped him.  And music and writing and magic.  The last chapiter of Next to Nothing Can Cause Some Hearts to Fail is a list of ‘Likes’, including: ‘waffles from Meert’, ‘reading’, ‘the word “kindness”’ – and ‘writing’, ‘writing’ and ‘writing’. 

 



Écrit par l’auteur du bestseller Autobiographie d’une courgette, Gilles Paris, Certains cœurs lâchent pour trois fois rien intéressera autant les écrivain.e.s et les personnes du monde de l’édition que celles et ceux qui souffrent de dépression. 

Certains cœurs lâchent pour trois fois rien – quelque chose qu’un médecin a dit à Gilles Paris après une de ses tentatives de suicide – est un livre très honnête sur le rétablissement de la santé mentale.  Il offre donc de l’espoir aux personnes ayant des idées suicidaires et des éclaircissements à leurs proches.

Dans ce livre, Gilles Paris parle de l’importance de la bienveillance et de l’empathie dans le chemin vers le rétablissement.  Et des bénéfices de l’exercice.   Et de la musique et de l’écriture et de la magie.  Le dernier chapitre de Certains cœurs lâchent pour trois fois rien est une liste de “j’aime”, dont: « les gaufres de chez Meert », « lire », « le mot ‘bienveillant’ » – et « écrire », « écrire » et «écrire ».

.

Watch a trailer of the film My Life as a Courgette (2016)

.

Regardez :  Rencontre avec Gilles Paris – Un endroit où aller

.

      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien -1 - Reader : Mia Farlane
      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien -2 - Reader : Mia Farlane
      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien -3 - Reader : Mia Farlane
      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien - 4 - Reader : Mia Farlane
      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien - 5 - Reader : Mia Farlane
      Gilles Paris: Certains cœurs lâchent pour trois fois rien - 6 - Reader : Mia Farlane

 

Nathalie Heirani Salmon-Hudry : Je suis née morte (Au vent des Iles, 2012)

Je suis née morte
Nathalie Heirani Salmon-Hudry
Au vent des Iles, Collection Littérature du Pacique, 2012
152 pages


Vi Nimö literary prize in New Caledonia in 2015


Nathalie Heirani Salmon Hudry dit (dans un TED Talk) qu’écrivant Je suis née morte  elle voulait ‘écrire vrai’ : et quel cadeau pour le lecteur / la lectrice.  Ce livre, écrit à l’aide d’un « pointeur frontal » par une écrivaine tahitienne dans sa vingtaine, raconte la vie d’une personne souffrant d’une paralysie cérébrale, à la suite – dans son cas – d’une erreur médicale à la naissance. L’auteure  raconte ses luttes et ses succès; comment elle surmonte ou non certains obstacles;  la gratitude qu’elle ressent – pour l’aide pratique et l’amour – envers sa mère, sa marraine, ses professeurs, ainsi que d’autres personnes. Ce livre raconte la compréhension unique, les rires et l’amitié, qui peuvent exister entre personnes handicapées.  Il parle aussi de la dépression et du désespoir – qui peuvent toucher tout groupe et âge – et le rétablissement qui peut venir lorsqu’on sait qu’on n’est pas seul à souffrir d’un tel désespoir.  Quelle chance que j’ai d’avoir découvert cette auteure.  J’ai comme ce sentiment présomptueux qu’on peut avoir parfois, en tant que lecteur, de m’être fait une nouvelle amie.  

Je suis née morte, se réaliser par l’écriture | Nathalie Salmon-Hudry | TEDxPapeete



Nathalie Heirani Salmon Hudry says (in a TEDtalk, with subtitles in French) that, in writing Je suis née morte (I Was Still-Born) she wanted to: ‘écrire vrai’; which I’d translate as ‘to be real in [her] writing’.  And what a gift to the reader that is.  This book, written with a head-pointer, by a Tahitian woman in her twenties, is about life as a person with Cerebral Palsy as the result (in this case) of a medical error at birth.  It is about Salmon Hudry’s struggles and successes; overcoming and not always overcoming barriers; about gratitude, for practical help and love, to her mother, godmother, teachers and others; it is about the particular understanding, laughter and friendship, that is possible between people with disabilities.  It is, also, about depression and despair – a condition that cuts across all groups and ages – and the recovery that can come from knowing you aren’t alone in your despair.  How lucky I am to have discovered this writer.  I have that presumptuous feeling readers can sometimes have – almost as if I have found a new friend.

Marie-Hélène Lafon : Nos vies (Buchet-Chastel, août 2017)



Nos vies
Marie-Hélène Lafon
Buchet-Chastel,
août 2017
192 pages


A short book with a simple structure, Nos vies (Our Lives) by Marie-Hélène Lafon, is about a retired woman Jeanne Santoire, who observes two people in her local Francprix supermarket – Gordana, the cashier at checkout counter number four and the customer who is secretly in love with her – and, like a detective (or a writer), Jeanne makes up a story about their lives.  She invents what she doesn’t know about these – you might have to call them – ‘characters’ (although they, like Jeanne, feel like real people), and weaves into this narrative thoughts about her own life: her parents, her ex-lover Karim who disappeared out her life twenty years ago, her neighbours, and people from the choir where she sings.  Nos vies is about people who are very alone.  But it is worth noting the word ‘Nos’ (‘Our’) in the title – that recognises we are not alone in finding life difficult.  Nos vies is about empathy, being curious about others, and, I’d say, about that very zeitgeist concept: resilience. 

Nos vies par Marie-Hélène Lafon est un livre court avec une structure simple : une femme retraitée, Jeanne Santoire, observe deux personnes à son Francprix local – Gordana, la caissière à la caisse quatre et un client qui l’aime en secret – et comme une détective (ou bien une écrivaine) Jeanne crée une histoire autour de leurs vies.  Elle invente ce qu’elle ne sait pas à propos de ces – il faudrait les appeler – ‘personnages’ (quoiqu’ils semblent être, comme Jeanne, des personnes réelles).  Jeanne tisse dans ce récit des pensées sur sa propre vie : ses parents, son ex-amant Karim qui a disparu il y a une vingtaine d’années, ses voisins, et les personnes du chœur où elle chante.  Nos vies raconte la vie de gens qui sont très seuls. Mais il est à noter dans ce titre le mot ‘Nos’ qui rappelle qu’on n’est pas seul à trouver la vie difficile.  Nos vies est un roman sur l’empathie, sur la curiosité à l’égard d’autrui, et, je dirais aussi, sur ce concept tellement dans l’air du temps : la résilience.     

Marie-Hélène Lafon présente son invention « Nos vies »: La Grande Librairie Published on 3 Nov 2017