Lorraine les Bains : Waldo (Lapin, 2019)

Waldo
(Lapin, 2019)
Lorraine les Bains

Puisque Waldo, publié aux éditions Lapin, est un roman graphique, rien d’étonnant qu’on y parle d’images, de lumière et de formes, et pas que de mots, même si ceux qui habitent les bulles de toutes les couleurs de Lorraine les Bains sont particulièrement drôles. Il est question du meurtre d’un chanteur ultra-populaire aussi célèbre que bête, vulgaire, provocateur et patron abusif. Il est surtout questions de ce que disent de lui et de son assassinat une collection hétéroclite de personnages hauts en couleur dont on comprend les liens au fil de la lecture.

On y entend s’exprimer – dans des propos parfois absurdes – et surtout sans jamais les voir, la femme de ménage de Waldo au bord de la dépression, une improbable fan du chanteur qui vit dans une colocation écologique et féministe radicale, un écrivain romantique tourmenté … et même Waldo, six pieds sous terre qui supplie d’être changé de place pour ne pas rester au-dessous de sa tante Geneviève pour l’éternité.

Véritable carnet de voyage psycho-architectural aux couleurs flamboyantes, Waldo est une Bande Dessinée étonnante dont les personnages se devinent derrières les fenêtres, les rideaux d’habitats tous plus extraordinaires et colorés les uns que les autres. Du camion aménagé à la maison de maître, en passant par des chaumières et même des mausolées, c’est aussi à un festival de matériaux que Lorraine Les bains nous invite tout de brique, pierre, bois, crépis, colombage, pilotis et même bow-windows. On adore.


Critique par Christelle Didier – auteure de Penser l’éthique des ingénieurs (PUF, Paris, 2008) et Les ingénieurs et l’éthique. Pour un regard sociologique (Hermes, 2008).  Maitresse de Conférences at Lille III – Sociologie de l’éducation, sociologie des professions, philosophie de l’éducation, philosophie des techniques ; évaluatrice dans plusieurs revues académiques (Technology and society, European Journal of engineering education, Engineering Studies), et directrice d’édition associée pour la collection Philosophy of Technology and Engineering aux éditions Springer et collabore régulièrement à la base documentaire Techniques de l’ingénieur.

 

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In that Waldo, published by Éditions Lapin, is a graphic novel, it is not surprising to find images, lights, shapes, and not only words – even if these words inside Lorraine les Bains’ many different-coloured speech bubbles are particularly funny.  A murder has happened – of the ultra-popular singer Waldo: as famous as he is stupid and vulgar and provocative; an abusive employer.  The main focus though is on what a rather unusual collection of flamboyant characters – their connections you discover as you go along – have to say about this singer and his assasination.

We hear from – some statements are quite whacky — and you don’t  get to see the speakers, what’s more: Waldo’s housekeeper, who’s on the verge of a nervous breakdown; an unlikely fan, who lives in an ecological and feminist co-housing set-up; a tormented romance novelist; and we even hear from Waldo himself, six feet under, who begs to be moved, so as not to remain under his aunt Geneviève for all eternity.

A  psycho-architectural travelogue in flamboyant colours, Waldo is an astonishing graphic novel, whose characters may be glimpsed   behind windows in curtained buildings that are each more extraordinary and colourful than the previous one.  From a converted van to a mansion, along with thatched cottages and even mausoleums, Lorraine Les Bains is also inviting us to a kind of ‘buildings material trade fair’, made up of brick, stone, wood, plaster, timber beams, and  bay windows.  Love it!

 

Review written by Christelle Didier, author of Penser l’éthique des ingénieurs (PUF, Paris, 2008) and Les ingénieurs et l’éthique. Pour un regard sociologique (Hermes, 2008), co-author of Ethique industrielle (DeBoeck, Brussels, 1998).  BS Electrochemistry Engineering, Master of Education, PhD Sociology.  Lecturer at the département des sciences de l’éducation et de la formation, Université de Lille.

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FB: @lorrainelesbains 

Twitter: @LesLorraine

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Valérie Rouzeau : Sens averse (répétitions) (Éditions La Table Ronde, 2018)

Sens averse (répétitions)
Valérie Rouzeau
Éditions La Table Ronde, 2018, 140 pages


Valérie Rouzeau est magicienne de la langue ; elle invente des mots et détourne les expressions courantes.  Les poèmes dans Sens averse (répétitions) sont intelligents, ludiques et sérieux – et peuvent parfois faire rire aux éclats. Il y a quelque chose de très amusant dans le rythme de son écriture: par exemple, dans un poème sur la merveille qu’est l’énergie canine – cette phrase: ses pattes et sa pâtée / sa puce RFID ; quelque chose de si joyeux dans l’image du chien qui vous « fend la bise » lorsqu’il court sur la plage. 
     L’ordre apparemment sans queue ni tête des poèmes sied au ton sérieux de ce recueil – qui inclut des poèmes sur le changement climatique, sur les sans domicile fixe ; sur le suicide; sur quelqu’un qui fait les soldes (et en revient bredouille); sur une cour d’école bruyante tout à coté; sur la nourriture avec des nanoparticules ; sur une mégère qui crie et son ‘téléfon’; sur des conversations dans le Hole in the Wall (un bar londonien situé tout près de la National Poetry Library); ainsi que des poèmes dédiés à d’autres poètes – à Pascale Petit, à l’ancien Poète Lauréat des États-Unis Kay Ryan, et à d’autres poètes encore.
     Bonne nouvelle pour les anglophones : il existe deux recueils bilingues  de Valérie Rouzeau – Cold Spring in Winter (Arc Publications, 2009 / une traduction du recueil Pas Revoir) et Talking Vrouz (Arc Publications, 2013), grâce à la traductrice, Susan Wicks, elle-même poète – et romancière. 


Valérie Rouzeau is a linguistic magician; she invents words and subverts expressions.  The poems in Sens averse (répétitions) are clever, playful and serious – and sometimes laugh-out-loud funny, too.  There is something so fun about the rhythm of her writing: in, for example, a poem about the great wonder of a dog’s energy – this line: ses pattes et sa pâtée / sa puce RFID (its dog-paws, its dog-food, its doggy microchip); and something so full of joy in the image of the dog’s ‘windbreak-kisses’ (‘il vous fend la bise’) as it cuts across a beach. 
     The (apparently) random placing of this collection’s poems fits the ‘desperate-times’ tone of Sens averse – with poems about climate change; homelessness and suicide; going shopping during the sales (without buying anything); noisy children in a nearby schoolyard; food containing nanoparticles; a screeching adult human noise-polluter and her ‘loudphone’ (‘téléfon’); eavesdropping at the Hole in the Wall (a London pub near the National Poetry Library); and poems dedicated to other poets, such as Pascale Petit, and former US Poet Laureate Kay Ryan, as well as others. 
     Good news for readers in English: Valérie Rouzeau’s Pas Revoir (Le Dé bleu, 1999) and Vrouz (La Table Ronde, 2012) have been translated by the poet, novelist and translator Susan Wicks for the parallel texts Cold Spring in Winter (Arc Publications, 2009) and Talking Vrouz (Arc Publications, 2013). 

JE SUIS LE GENRE DE FILLE – Nathalie Kuperman – Flammarion, 2018

Nathalie Kuperman
Je suis le genre de fille
(
Flammarion, 2018)
224 pages

Nathalie Kuperman’s latest novel Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018) is about a woman who is fifty and who is not happy.  She can no longer tolerate pretending to go along with what other people might think she should do or say: she will not open doors for people; she will not let people ahead of her in shopping queues; and – chapter after chapter, in countless other brilliantly banal situations – the answer will have to be ‘non’.  Usually, when a person is stuck on a particular subject there will be a reason.  The character in this book reminded me of the angry main character in Claire Messud’s The Woman Upstairs (Virago, 2013).  Which is to say that this novel is more than ‘un Woody Allen français au féminin’ (François Busnel on La Grande Librairie, 8 March 2018); as much as this is a very funny and clever book, it is a novel with a heart to it.  You have to read the whole book to find this out – which for me was pure pleasure.  Bravo à Nathalie Kuperman – and thank you.

Musical ps
In Je suis le genre de fille there is a very apt reference to Anne Sylvestre’s song:
Les gens qui doutent’.

Dans le dernier roman de Nathalie Kuperman, Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018), l’héroïne est une femme qui a cinquante ans et qui n’est pas heureuse.  Elle ne veut plus se plier aux attentes des autres, à ce qu’ils considèrent qu’elle devrait dire ou faire : elle ne tiendra plus de portes pour les gens ; elle ne laissera plus passer quiconque devant elle à la caisse du supermarché ; et – de chapitre en chapitre ; dans des situations brillamment banales – la réponse va devoir être ‘non’.  D’habitude, lorsqu’un personnage reste bloqué sur un seul sujet il y a une bonne raison.  Le personnage principal de ce roman m’a rappelé celui (d’une femme très en colère) dans The Woman Upstairs (Virago, 2013) de Claire Messud.  C’est dire que ce roman est bien plus qu’un ‘Woody Allen français au féminin’ (François Busnel à La Grande Librairie, 8 mars 2018);  c’est un ouvrage aussi drôle et intelligent qu’il est généreux.  Il faudra lire tout le livre pour le découvrir – ce qui pour ma part a été pur plaisir.  Bravo à Nathalie Kuperman – et merci.

Ps en musique
Dans Je suis le genre de fille, il y a une référence, très à-propos, à la chanson:
Les gens qui doutent’.