Nina Bouraoui: TOUS LES HOMMES DÉSIRENT NATURELLEMENT SAVOIR

Nina Bouraoui
TOUS LES HOMMES DÉSIRENT NATURELLEMENT SAVOIR
Lattès, 2018
256 pages

 

‘I am perhaps also a writer because I am homosexual’ (Nina Bouraoui, La Grande Librairie 19.9.18)

Nina Bouraoui started writing at eighteen when she started going to the famous lesbian nightclub in Paris, ‘Le Kat’, where she met people she says (La Grande Librairie : 19.9.18) she’d never otherwise have mixed with during the day – prostitutes, ex-detainees as well as lawyers, teachers.  Le Katmandou, run by the writer Elula Perrin, has provided material for many of Bouraoui’s books, including Tous les hommes désirent naturellement savoir, her sixteenth.  Made up of short counterpoint chapters, with the repeated titles, backwards and forwards in time – Becoming, Remembering, Knowing and Being – TLHDNS relates Bouraoui’s childhood in Algeria and in France, her evenings at Le Kat, and how she became a writer.  She explains that she has, in fact, three cultures (a huge advantage, she says, for a writer): Algerian (from her father and from having lived in Algeria until the age of 14); French (from her mother); and homosexual.  Her mother, a great reader, plays an important role in Bouraoui becoming a writer – I loved the image her sleeping in the sun, with a book lying open against her, ‘flesh against flesh’ (TLHDNS).  As a writer, I savoured TLHDNS, because it tells the story of a writer’s beginnings; and, like Bouraoui, I too ventured, in my late teens, onto the lesbian clubbing scene (in my case, in New Zealand), so this book was quite a fascinating read for me.

Ps Available in English: Nina Bouraoui’s Tomboy (University of Nebraska Press, 2007)

pps Nina Bouraoui’s All Men Want to Know (Viking, 2020) is now available in English, thanks to the translator Aneesa Abbas Higgins.

 

‘Je suis peut-être aussi écrivain parce que je suis homosexuelle.’  (Nina Bouraoui, LGL 19.9.18)

Nina Bouraoui a commencé à écrire dès l’âge de 18 ans quand elle a commencé à fréquenter le Kat, une boite de nuit lesbienne mythique où elle a rencontré des personnes dont elle dit qu’elle ne les aurait jamais pu croiser la journée’ (La Grande Librairie : 19.9.18) – des prostituées, des anciennes détenues, des avocates.  Le Katmandou, géré par l’écrivaine Elula Perrin, a fourni du matériau pour maints livres de Bouraoui, dont Tous les hommes désirent naturellement savoir, son seizième.  Construit de courts chapitres en contrepoint, avec des titres répétés et des allers-retours dans le temps – Devenir, Se souvenir, Savoir et Être – TLHDNS raconte l’enfance de l’auteure entre l’Algérie et la France, ses nuits au Kat et ses débuts d’écrivaine.  Elle explique qu’elle a trois cultures (gros avantage, dit-elle, pour un écrivain): algérienne (par son père et pour avoir vécu en Algérie jusqu’à l’âge de 14 ans), française par sa mère, et homosexuelle.  Sa mère, grande lectrice, est aussi très importante dans ce parcours d’écrivaine; j’ai beaucoup aimé l’image d’elle, allongée au soleil, tenant  ‘ses romans contre elle […] chair contre chair’ (TLHDNS).  Étant moi-même écrivaine, J’ai savouré TLHDNS, puisqu’il raconte une écrivaine en devenir; et, comme Bouraoui, je me suis aventurée dans ma jeunesse dans le milieu lesbien (néo-zélandais en l’occurrence), ce roman a été pour moi une lecture fascinante.

Nina Bouraoui présente « Tous les hommes désirent naturellement savoir »
Published on 4 Oct 2018

Nina Bouraoui La Grande Librairie 19 septembre 2018 

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Violaine Huisman: FUGITIVE PARCE QUE REINE – Gallimard, 2018


Violaine Huisman
Fugitive parce que reine
Gallimard, 2018

256 pages

prix Françoise-Sagan 2018
prix Marie-Claire du roman féminin 2018)
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Update March 2022:
The Book of Mother (Virago Press), translation by Leslie Camhi, is longlisted for the International Booker Prize
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In Fugitive parce que reine (the title comes from a line in Proust’s Albertine disparue), Violaine Huisman writes about what she knows but has also to imagine, ‘the character of the woman behind [her] mother’ (La Grande Librairie, May 2018): Catherine Cremnitz, a beautiful and determined woman, diagnosed in her forties as ‘manic-depressive’, who avoided traffic jams by driving on the footpath, got great pleasure, satisfaction and some not inexpensive clothes from occasional shoplifting; a person of extremes, uninterested in social norms, and who believed in thinking for yourself and not following the crowd.  I especially loved the tour de force Nadia Comaneci dialogue of extreme emotional swings (see, for example, page 195).  Huisman tells the story of this much adored woman, who died by suicide in 2009, ‘to give her back her humanity’ (FPR, p. 100).  This book is of course threaded with pain, but it is also lit with irreverent humour, and above all love.


Ps: good news
: Fugitive parce que reine will soon be available in translation – in English, German, Dutch, Italian and Spanish.

October 2021 UPDATE / it’s due from Virago 7 October 2021:
THE BOOK OF MOTHER by Violaine Huisman,
translated by Leslie Camhil
Virago Books

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Update March 2022:
The Book of Mother (Virago Press), translation by Leslie Camhi, is longlisted for the International Booker Prize

Congratulations, Leslie Camhi: @CamhiLeslie

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Dans Fugitive parce que reine (la phrase est tirée d’Albertine disparue) Violaine Huisman évoque ce qu’elle connaît mais aussi ce qu’elle doit imaginer, du ‘personnage de la femme derrière [sa] mère’ (La Grande Librairie, 17 mai 2018) : Catherine Cremnitz, une femme belle et déterminée, diagnostiquée ‘maniaco-dépressive’ dans sa quarantaine, qui, kleptomane occasionnelle, trouvait son bonheur dans des magasins de vêtements haut de gamme et conduisait en montant sur les trottoirs pour éviter les embouteillages ; un être aux extrêmes, qui s’intéressait peu aux normes sociales restrictives, pour qui la liberté de penser pour soi et d’agir comme on voudrait primait en tout.  J’ai surtout aimé le dialogue, véritable tour de force à la Nadia Comaneci, alternant une succession rapide d’émotions contrastées.  Huisman imagine la vie de cette personne tant adorée, qui s’est donnée la mort en 2009, ‘pour lui rendre son humanité’ (FPR, page 100).  Autant ce roman est tissé de douleur, autant il l’est – et même davantage peut-être – d’humour irrévérencieux et d’amour surtout.


Ps
en documentaire / non-fiction: ‘La vie après le suicide d’un proche France 5’ – réalisatrice, Katia Chapoutier ; et, de Katia Chapoutier : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (Le Passeur, 2018)

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Adélaïde Bon : LA PETITE FILLE SUR LA BANQUISE – Grasset, 2018

Adélaïde Bon
La petite fille sur la banquise
(Grasset, 2018)
256 pages

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(La petite fille sur la banquise  has since been translated into English by Ruth Diver: The Little Girl on the Ice Floe – Quercus Books)

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It was helpful for me to read Adélaïde Bon’s La petite fille sur la banquise in French rather than English, because it was a hard book to read: the BNF catalogue’s subject field for La petite fille sur la banquise begins with ‘Enfants victimes d’abus sexuels’ and ends with ‘récits personnels’.  But this is not a misery memoir.  I would classify it as an autobiographical novel, and add the subjects ‘mental health’, ‘recovery’, ‘healing’ and – crucially – ‘writing’.  Because, like Violette Leduc’s autobiographical novel The Bastard, La petite fille sur la banquise is about becoming a writer.  It is a brave and generous book about how (to quote from Penelope Lively’s Booker Prize-winning novel, Moon Tiger) ‘language tethers us to the world’.  Upon receiving news from the prosecuting authorities that the attack on her as a child has been officially corrected to ‘rape’, she writes: ‘viol. Quatre lettres et dedans, mon billet retour pour la terre natale.’ (p148: ‘rape. Four letters and inside, my return ticket to earth.’)  I loved the vulnerable strength at the core of this writing; I loved the author’s hypersensitive precision around language; the seamless flow between the use of ‘je’ and ‘elle’; and the powerful metaphor of the medusas.  As for the epilogue: frameable.  With complete respect, Adélaïde Bon, thank you.

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You can find La petite fille sur la banquise translated into English by Ruth Diver The Little Girl on the Ice Floe (Quercus Books) here.

If you like this book, you might like: Hannah Gadsby’s show Nanette.

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Cela m’a aidé de lire La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon en français plutôt qu’en anglais, parce que c’était un livre difficile à lire.  Dans la notice bibliographique du catalogue de la BNF, le champ de sujet commence par ‘enfants victimes d’abus sexuel’ et finit par ‘récits personnels’.  Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on appelle en anglais un ‘misery memoir’ (mémoire de misère).  Je dirais plutôt que c’est un roman autobiographique, et j’ajouterais aux sujets : ‘santé mentale’, ‘rétablissement’ ‘guérison’ et – crucialement – ‘écriture’.  Car, comme le roman autobiographique de Violette Leduc La Bâtarde, La petite fille sur la banquise raconte le trajet pour devenir écrivain.  C’est un livre courageux et généreux sur comment (la citation est du roman Moon Tiger de Penelope Lively) ‘le langage nous amarre au monde’.  En apprenant que l’agression qu’elle a subie enfant a été officiellement requalifiée par le parquet judiciaire comme étant un viol, elle écrit : ‘viol. Quatre lettres et dedans, mon billet retour pour la terre natale.’ (page 148).  J’ai aimé la force vulnérable au cœur de cette écriture ; j’ai aimé la précision hypersensible de l’auteur au niveau du langage ; la fluidité entre l’emploi du ‘je’ et ‘elle’ ; et la puissante métaphore des ‘méduses’.  Quant à l’épilogue, je le mettrais volontiers sous verre pour l’accrocher au mur. Adélaïde Bon, je vous salue bien bas.

Adelaïde Bon – La petite fille sur la banquise : Lecture par l’auteure accompagnée de Thomas Boffelli (trompette): Lecture musicale du 26 mai 2018 à la Maison de la Poésie

JE SUIS LE GENRE DE FILLE – Nathalie Kuperman – Flammarion, 2018

Nathalie Kuperman
Je suis le genre de fille
(
Flammarion, 2018)
224 pages

Nathalie Kuperman’s latest novel Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018) is about a woman who is fifty and who is not happy.  She can no longer tolerate pretending to go along with what other people might think she should do or say: she will not open doors for people; she will not let people ahead of her in shopping queues; and – chapter after chapter, in countless other brilliantly banal situations – the answer will have to be ‘non’.  Usually, when a person is stuck on a particular subject there will be a reason.  The character in this book reminded me of the angry main character in Claire Messud’s The Woman Upstairs (Virago, 2013).  Which is to say that this novel is more than ‘un Woody Allen français au féminin’ (François Busnel on La Grande Librairie, 8 March 2018); as much as this is a very funny and clever book, it is a novel with a heart to it.  You have to read the whole book to find this out – which for me was pure pleasure.  Bravo à Nathalie Kuperman – and thank you.

Musical ps
In Je suis le genre de fille there is a very apt reference to Anne Sylvestre’s song:
Les gens qui doutent’.

Dans le dernier roman de Nathalie Kuperman, Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018), l’héroïne est une femme qui a cinquante ans et qui n’est pas heureuse.  Elle ne veut plus se plier aux attentes des autres, à ce qu’ils considèrent qu’elle devrait dire ou faire : elle ne tiendra plus de portes pour les gens ; elle ne laissera plus passer quiconque devant elle à la caisse du supermarché ; et – de chapitre en chapitre ; dans des situations brillamment banales – la réponse va devoir être ‘non’.  D’habitude, lorsqu’un personnage reste bloqué sur un seul sujet il y a une bonne raison.  Le personnage principal de ce roman m’a rappelé celui (d’une femme très en colère) dans The Woman Upstairs (Virago, 2013) de Claire Messud.  C’est dire que ce roman est bien plus qu’un ‘Woody Allen français au féminin’ (François Busnel à La Grande Librairie, 8 mars 2018);  c’est un ouvrage aussi drôle et intelligent qu’il est généreux.  Il faudra lire tout le livre pour le découvrir – ce qui pour ma part a été pur plaisir.  Bravo à Nathalie Kuperman – et merci.

Ps en musique
Dans Je suis le genre de fille, il y a une référence, très à-propos, à la chanson:
Les gens qui doutent’.