Faïza Guène : Millénium blues (Fayard, 2018)

Millénium blues
Faïza Guène

Millénium Blues (Fayard) is a novel about nostalgia, regrets and various forms of forgiveness.  With its fifty-five short and ultra short chapters made up of sharp dialogue and crisp spare writing, it reads like a graphic novel.  The book is set in Paris from the late 1990s to the present time and recounts fifteen years – non-chronologically, since, as the author points out, memory doesn’t work like that – in the lives of two ‘Generation Y’ friends: Zouzou and Carmen.  It’s a fast-moving read, right from the start, beginning with an accident during a heat-wave.  Millénium Blues shows how time passes all too quickly and the importance of being awake to the present, of valuing each moment.  The book has a background sound-track of songs (from ABBA to Idir), and is punctuated by historical events, such as: The World Cup 1998; September 11 2001; the second round of the presidential elections in France (Right against Extreme-Right) in 2002.  An event of a different sort, and key to this novel, is the ‘forfait Millénium’, a telephone deal offered by Bouygues Télécom leading up to the Millenium, where you paid a fixed amount and could have unlimited talk-time in the evenings and over the weekend.  This allowed people to free up how they spoke on the phone, ‘to tell each other things aside from what was essential’ (‘se dire autre chose que l’essentiel’).  It’s the dialogue between the characters that is, for me, the book’s great appeal.  Faïza Guène has created a novel that is both light and profound, with exchanges between the characters – such as those between the main character, Zouzou, and Simone, a woman in her eighties, and between Zouzou and her father – that are by their very lack of sentimentality, poignant.

Musical ps:  A Vava Inouva by Idir  https://www.youtube.com/watch?v=JCpc7ch4nd4

Millénium Blues (Fayard) est un roman sur la nostalgie, les regrets et les diverses formes de pardon.  Avec ses cinquante-cinq chapitres courts, ultra courts même parfois, bâtis de dialogues percutants et d’une écriture économe, ce livre fait un peu ‘roman graphique’.  L’histoire a lieu à Paris, de la fin des années ‘90 à nos jours, et raconte quinze années (pas dans l’ordre, puisque, comme dit l’auteure, ce n’est pas comme ça que marche la mémoire) de la vie des deux amies de la ‘Génération Y’ : Zouzou et Carmen.  Et cette histoire file à toute allure, dès le départ, en commençant par un accident en pleine canicule.  Millénium Blues montre à quel point le temps passe très vite, et l’importance cruciale d’être consciente du moment présent, de vivre pleinement chaque instant.  Le livre se déroule sur un fond de bande son (d’ABBA à Idir), et est jalonnée d’événements historiques, tels que la coupe du monde 1998, le 11 septembre, le second tour de l’élection présidentielle de 2002 (la droite contre l’extrême-droite).  Un événement d’un autre genre et fondamental à ce roman, c’est le ‘forfait Millénium’, une offre téléphonique de Bouygues Télécom lancée juste avant le passage à l’an 2000, où on payait une somme fixe et pouvait parler sans limite le soir et pendant le week-end.  Cela permettait aux gens de parler plus librement au téléphone, de ‘se dire autre chose que l’essentiel’.  ce sont les dialogues entre les personnages qui font pour moi tout l’attrait du livre.  Faïza Guène a crée un roman à la fois léger et profond, avec des échanges entre personnages (comme ceux d’entre le personnage principal, Zouzou, et Simone, une octogénaire, et entre Zouzou et son père) qui sont, par leur anti-sentimentalisme, justement, poignants.

ps Faïza Guène est l’invitée d’Augustin Trapenard sur France Interhttps://www.franceinter.fr/emissions/boomerang/boomerang-10-janvier-2018

Anise Koltz PRESSÉE DE VIVRE suivi de APRÈS

Anise Koltz
PRESSÉE DE VIVRE suivi de APRÈS
Arfuyen, 2018
176 pages

Prix Goncourt de la poésie Robert Sabatier 2018 pour l’ensemble de son œuvre

The title of this two-in-one collection, Pressée de vivre suivi de Après (Eager to Live followed by Afterwards), is worth stopping to note – ‘mindfully’ – before opening this book; as it tells you a lot about the strong intelligence and sober humour of this Luxembourg writer, Anise Koltz, who in May of this year was awarded the Prix Goncourt de la poésie Robert Sabatier for a lifetime achievement in poetry. I was privileged to hear Anise Koltz read from her parallel text (translated by Anne-Marie Glasheen), At the Edge of Night / Au bord de la nuit (Arc, 2009), at a Poetry Parnassus event at London’s Southbank Centre in 2012; and I remember her saying (I’m rephrasing here) that it is ‘what comes next’ that is the natural focus of her writerly attention these days (these years, we could say – she is now ninety). Pressée de vivre suivi de Après gives dignity to old age; it de-pathologizes the fact of ageing; quietly countering the ageist viewpoint, which, like mono-culturalism, assumes it speaks for everyone. But this book, written from ‘la zone provisoire’ (‘from the provisional zone’ p.35), is anything but a manifesto; each page is a meditation on time, life, another life (death), past, present, future, fate, destiny, writing, dreams, truth, lies, shadows. This writing ‘d’un autre monde’ (‘from another world’ page 173) is made up of mystery and questions without answers. How refreshing.

Ps : To read Anise Koltz in English, see: At the Edge of Night / Au bord de la nuit (Arc, 2009)

Le titre de ce double recueil de poésie, Pressée de vivre suivi de Après, mérite qu’on s’y attarde un temps – pleinement, j’ai envie de dire – avant d’entamer la lecture de cet ouvrage; car il en dit long sur l’intelligence profonde et l’humour sobre de cette poète luxembourgeoise, Anise Koltz, lauréate en mai dernier du Prix Goncourt de la poésie Robert Sabatier pour l’ensemble de son œuvre. J’ai eu l’énorme privilège d’entendre Anise Koltz lire des extraits de sa collection bilingue (traduite par Anne-Marie Glasheen), At the Edge of Night / Au bord de la nuit (Arc, 2009), lors du Poetry Parnassus organisé au Southbank Centre à Londres en 2012 ; et je me souviens d’elle disant (je la paraphrase) que ce qui retenait son attention de poète ces jours-ci (ces années-ci, pourrions-nous dire – elle a maintenant quatre-vingt-dix ans), c’est l’après, c’est ce qui arrive après. Pressée de vivre suivi de Après rend hommage à la vieillesse ; il dé-pathologise le fait de vieillir ; et s’inscrit contre le point de vue agiste qui, comme le mono-culturalisme, croit rendre compte de la vie entière. Mais ce livre est tout sauf un manifeste ; chaque page est une méditation sur le temps, sur la vie, sur une autre vie (la mort), sur le futur, le destin, sur l’écriture, les rêves, la vérité et les mensonges, sur l’ombre aussi. Cette écriture venue ‘d’un autre monde’ (page 173) est faite de mystère et de questions sans réponses. Rafraîchissant.

Ps : Regarder ici Anise Koltz lisant les premiers vers de son poème ‘Prologue’ (page 60, At the Edge of Night / Au bord de la nuit, Arc, 2009) lors du Poetry Parnassus en 2012.

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Carole Fives: UNE FEMME AU TÉLÉPHONE – Collection : L’arbalète / Gallimard, 2017

Carole Fives                                                                                               
UNE FEMME AU TÉLÉPHONE
Collection : L’arbalète / Gallimard, 2017
112 pages

 

 

 

 

 

 

Une femme au téléphone de Carole Fives est une succession de messages qu’une mère sexagénaire laisse au répondeur de sa fille, alternant ‘plainte-reproche-plainte-reproche’ (Carole Fives au Livre Paris, 2017) et – à part quelques dérives dans des commentaires ni désirés ni demandés sur la vie de sa fille – tournant autour des problèmes de santé de la mère.  Un livre à prescrire à celles et à ceux qui se retrouvent dans une situation un peu similaire de la protagoniste (muette dans le texte) à l’écoute quotidien de sa mère – qu’elle aime, à l’évidence, beaucoup.  Mais il n’est pas nécessaire d’être dans une relation où il y a chantage affectif pour apprécier l’humour caustique de cette écriture au style incroyablement dépouillé et simple comme du Chopin (qui me rappelle celui de Dorthe Nors).
Allô, Carole Fives, à quand le prochain livre ?
Ah bon ?  Déjà sorti ?
Tenir jusqu’à l’aube de chez L’arbalète / Gallimard – oui oui je sais mais le prochain.
Et il va falloir que quelqu’un se mette à les traduire en anglais, ces livres, car tout le monde ne parle pas français et  –
allô ?

 

Ps en non fiction : Régine Detambel : les livres prennent soin de vous : pour une bibliothérapie créative ; essai. (Actes Sud, 2015)
Pps : À l’occasion de Livre Paris 2017, Carole Fives vous présente son ouvrage « Une femme au téléphone » aux éditions Gallimard.


Une femme au téléphone by Carole Fives is a succession of messages that a sixty-year-old mother leaves on her daughter’s answerphone machine – messages that alternate ‘complaint reproach-complaint-reproach’ (see Carole Fives at Livre Paris, 2017) and – aside from various unasked for, unwanted comments on her daughter’s life – centre around the mother’s health issues.  This is an uplifting book that could be prescribed to those who are in a situation similar to that of the (mute in the text) protagonist, who listens daily to her mother – whom she clearly loves.  But you don’t have to be in a relationship full of emotional blackmail and manipulation in order to appreciate Carole Fives’ dry humour and masterfully simple, uncluttered writing style (that reminds me a little of Dorthe Nors).
Hello, Carole Fives, when’s the next book?
Really?  It’s already out?
Tenir jusqu’à l’aube from L’arbalète / Gallimard – yeah yeah I know but the next one.
And there’s going to have to be a translation of these books, because not everyone speaks French and –
hello?

Ps: Carole Five’s first novel is called: Que nos vies aient l’air d’un film parfait – a line from the (very) 80s song ‘Amoureux Solitaires’ by Lio.

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Violaine Huisman: FUGITIVE PARCE QUE REINE – Gallimard, 2018


Violaine Huisman
Fugitive parce que reine
Gallimard, 2018

256 pages

prix Françoise-Sagan 2018
prix Marie-Claire du roman féminin 2018)
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Update March 2022:
The Book of Mother (Virago Press), translation by Leslie Camhi, is longlisted for the International Booker Prize
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In Fugitive parce que reine (the title comes from a line in Proust’s Albertine disparue), Violaine Huisman writes about what she knows but has also to imagine, ‘the character of the woman behind [her] mother’ (La Grande Librairie, May 2018): Catherine Cremnitz, a beautiful and determined woman, diagnosed in her forties as ‘manic-depressive’, who avoided traffic jams by driving on the footpath, got great pleasure, satisfaction and some not inexpensive clothes from occasional shoplifting; a person of extremes, uninterested in social norms, and who believed in thinking for yourself and not following the crowd.  I especially loved the tour de force Nadia Comaneci dialogue of extreme emotional swings (see, for example, page 195).  Huisman tells the story of this much adored woman, who died by suicide in 2009, ‘to give her back her humanity’ (FPR, p. 100).  This book is of course threaded with pain, but it is also lit with irreverent humour, and above all love.


Ps: good news
: Fugitive parce que reine will soon be available in translation – in English, German, Dutch, Italian and Spanish.

October 2021 UPDATE / it’s due from Virago 7 October 2021:
THE BOOK OF MOTHER by Violaine Huisman,
translated by Leslie Camhil
Virago Books

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Update March 2022:
The Book of Mother (Virago Press), translation by Leslie Camhi, is longlisted for the International Booker Prize

Congratulations, Leslie Camhi: @CamhiLeslie

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Dans Fugitive parce que reine (la phrase est tirée d’Albertine disparue) Violaine Huisman évoque ce qu’elle connaît mais aussi ce qu’elle doit imaginer, du ‘personnage de la femme derrière [sa] mère’ (La Grande Librairie, 17 mai 2018) : Catherine Cremnitz, une femme belle et déterminée, diagnostiquée ‘maniaco-dépressive’ dans sa quarantaine, qui, kleptomane occasionnelle, trouvait son bonheur dans des magasins de vêtements haut de gamme et conduisait en montant sur les trottoirs pour éviter les embouteillages ; un être aux extrêmes, qui s’intéressait peu aux normes sociales restrictives, pour qui la liberté de penser pour soi et d’agir comme on voudrait primait en tout.  J’ai surtout aimé le dialogue, véritable tour de force à la Nadia Comaneci, alternant une succession rapide d’émotions contrastées.  Huisman imagine la vie de cette personne tant adorée, qui s’est donnée la mort en 2009, ‘pour lui rendre son humanité’ (FPR, page 100).  Autant ce roman est tissé de douleur, autant il l’est – et même davantage peut-être – d’humour irrévérencieux et d’amour surtout.


Ps
en documentaire / non-fiction: ‘La vie après le suicide d’un proche France 5’ – réalisatrice, Katia Chapoutier ; et, de Katia Chapoutier : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (Le Passeur, 2018)

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Fouad Laroui: UNE ANNÉE CHEZ LES FRANÇAIS – Julliard, 2010

Fouad Laroui                                                                         
UNE ANNÉE CHEZ LES FRANÇAIS
Julliard, 2010
288 pages

For the beginning of the school year (in Europe) I have chosen Une année chez les français by Fouad Laroui, whose writing I was lucky enough to discover in 2014, thanks to Olivier Bellamy’s ‘Passion Classique’ on Radio Classique (cf BBC Radio 3’s Private Passions).  Une année chez les français is a short novel that spans one school year in the life of a ten-year-old Moroccan boy, Medhi, who has received a scholarship and enters the Lycée Lyautey in Casablanca, in September 1969.  The dynamics between pupil and pupil and pupil and teacher in this school, where all these (many, fragile) egos collide – add to which culture shock, racism and various related misunderstandings – as well as the relations between Medhi and the French family (where he spends his weekends and holidays), are told with detached humour, kind clarity and great emotional intelligence; of which the pyjama incident is, for me, an unforgettable example.  It’s impossible not to love the young hero of this book, the avid reader Medhi, who, like the book’s author, excels at all he does; Fouad Laroui is not only the author of numerous novels, but also an engineer, an economist, a poet writing in Dutch and a professor at the University of Amsterdam.

Read Words Without Borders interview with Fouad Laroui by Jessie Chaffee here

Pour la rentrée scolaire (européenne), j’ai choisi : Une année chez les français, de Fouad Laroui que j’ai eu la chance de découvrir en 2014, grâce à l’émission animée par Olivier Bellamy ‘Passion classique’ sur Radio Classique (cf Private Passions sur BBC Radio 3).  Une année chez les français est un court roman qui raconte une année scolaire d’un garçon marocain de dix ans, Medhi, qui ayant reçu une bourse scolaire, entre au Lycée Lyautey à Casablanca, en septembre 1969.  Les rapports élèves-élèves et profs-élèves  dans ce lycée où tous ces egos (dont certains, fragiles) s’entrechoquent – ajouter à cela le choc des cultures, le racisme et divers malentendus concomitants – ainsi que les rapports entre Medhi et la famille française chez qui il reste les week-ends et pendant les vacances scolaires, sont tous racontés avec un humour-détaché, une  lucidité bienveillante et une forte intelligence émotionnelle ; l’incident du pyjama en est, pour moi, un exemple inoubliable.  Impossible de ne pas aimer le petit héro du roman, Medhi, gros lecteur qui, comme l’auteur de ce roman, excelle dans tout ce qu’il fait ; Fouad Laroui est non seulement auteur de nombreux romans, mais aussi ingénieur et économiste,  poète en néerlandais et professeur de littérature à l’université d’Amsterdam.

Regarder ici Fouad Laroui parlant de son sixième roman, Une année chez les français (Julliard, 2010), qui a été dans la première sélection du Prix Goncourt et du Prix Goncourt des lycéens en 2010.

Adélaïde Bon : LA PETITE FILLE SUR LA BANQUISE – Grasset, 2018

Adélaïde Bon
La petite fille sur la banquise
(Grasset, 2018)
256 pages

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(La petite fille sur la banquise  has since been translated into English by Ruth Diver: The Little Girl on the Ice Floe – Quercus Books)

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It was helpful for me to read Adélaïde Bon’s La petite fille sur la banquise in French rather than English, because it was a hard book to read: the BNF catalogue’s subject field for La petite fille sur la banquise begins with ‘Enfants victimes d’abus sexuels’ and ends with ‘récits personnels’.  But this is not a misery memoir.  I would classify it as an autobiographical novel, and add the subjects ‘mental health’, ‘recovery’, ‘healing’ and – crucially – ‘writing’.  Because, like Violette Leduc’s autobiographical novel The Bastard, La petite fille sur la banquise is about becoming a writer.  It is a brave and generous book about how (to quote from Penelope Lively’s Booker Prize-winning novel, Moon Tiger) ‘language tethers us to the world’.  Upon receiving news from the prosecuting authorities that the attack on her as a child has been officially corrected to ‘rape’, she writes: ‘viol. Quatre lettres et dedans, mon billet retour pour la terre natale.’ (p148: ‘rape. Four letters and inside, my return ticket to earth.’)  I loved the vulnerable strength at the core of this writing; I loved the author’s hypersensitive precision around language; the seamless flow between the use of ‘je’ and ‘elle’; and the powerful metaphor of the medusas.  As for the epilogue: frameable.  With complete respect, Adélaïde Bon, thank you.

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You can find La petite fille sur la banquise translated into English by Ruth Diver The Little Girl on the Ice Floe (Quercus Books) here.

If you like this book, you might like: Hannah Gadsby’s show Nanette.

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Cela m’a aidé de lire La petite fille sur la banquise d’Adélaïde Bon en français plutôt qu’en anglais, parce que c’était un livre difficile à lire.  Dans la notice bibliographique du catalogue de la BNF, le champ de sujet commence par ‘enfants victimes d’abus sexuel’ et finit par ‘récits personnels’.  Mais ce n’est pas vraiment ce qu’on appelle en anglais un ‘misery memoir’ (mémoire de misère).  Je dirais plutôt que c’est un roman autobiographique, et j’ajouterais aux sujets : ‘santé mentale’, ‘rétablissement’ ‘guérison’ et – crucialement – ‘écriture’.  Car, comme le roman autobiographique de Violette Leduc La Bâtarde, La petite fille sur la banquise raconte le trajet pour devenir écrivain.  C’est un livre courageux et généreux sur comment (la citation est du roman Moon Tiger de Penelope Lively) ‘le langage nous amarre au monde’.  En apprenant que l’agression qu’elle a subie enfant a été officiellement requalifiée par le parquet judiciaire comme étant un viol, elle écrit : ‘viol. Quatre lettres et dedans, mon billet retour pour la terre natale.’ (page 148).  J’ai aimé la force vulnérable au cœur de cette écriture ; j’ai aimé la précision hypersensible de l’auteur au niveau du langage ; la fluidité entre l’emploi du ‘je’ et ‘elle’ ; et la puissante métaphore des ‘méduses’.  Quant à l’épilogue, je le mettrais volontiers sous verre pour l’accrocher au mur. Adélaïde Bon, je vous salue bien bas.

Adelaïde Bon – La petite fille sur la banquise : Lecture par l’auteure accompagnée de Thomas Boffelli (trompette): Lecture musicale du 26 mai 2018 à la Maison de la Poésie

JE SUIS LE GENRE DE FILLE – Nathalie Kuperman – Flammarion, 2018

Nathalie Kuperman
Je suis le genre de fille
(
Flammarion, 2018)
224 pages

Nathalie Kuperman’s latest novel Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018) is about a woman who is fifty and who is not happy.  She can no longer tolerate pretending to go along with what other people might think she should do or say: she will not open doors for people; she will not let people ahead of her in shopping queues; and – chapter after chapter, in countless other brilliantly banal situations – the answer will have to be ‘non’.  Usually, when a person is stuck on a particular subject there will be a reason.  The character in this book reminded me of the angry main character in Claire Messud’s The Woman Upstairs (Virago, 2013).  Which is to say that this novel is more than ‘un Woody Allen français au féminin’ (François Busnel on La Grande Librairie, 8 March 2018); as much as this is a very funny and clever book, it is a novel with a heart to it.  You have to read the whole book to find this out – which for me was pure pleasure.  Bravo à Nathalie Kuperman – and thank you.

Musical ps
In Je suis le genre de fille there is a very apt reference to Anne Sylvestre’s song:
Les gens qui doutent’.

Dans le dernier roman de Nathalie Kuperman, Je suis le genre de fille (Flammarion, 2018), l’héroïne est une femme qui a cinquante ans et qui n’est pas heureuse.  Elle ne veut plus se plier aux attentes des autres, à ce qu’ils considèrent qu’elle devrait dire ou faire : elle ne tiendra plus de portes pour les gens ; elle ne laissera plus passer quiconque devant elle à la caisse du supermarché ; et – de chapitre en chapitre ; dans des situations brillamment banales – la réponse va devoir être ‘non’.  D’habitude, lorsqu’un personnage reste bloqué sur un seul sujet il y a une bonne raison.  Le personnage principal de ce roman m’a rappelé celui (d’une femme très en colère) dans The Woman Upstairs (Virago, 2013) de Claire Messud.  C’est dire que ce roman est bien plus qu’un ‘Woody Allen français au féminin’ (François Busnel à La Grande Librairie, 8 mars 2018);  c’est un ouvrage aussi drôle et intelligent qu’il est généreux.  Il faudra lire tout le livre pour le découvrir – ce qui pour ma part a été pur plaisir.  Bravo à Nathalie Kuperman – et merci.

Ps en musique
Dans Je suis le genre de fille, il y a une référence, très à-propos, à la chanson:
Les gens qui doutent’.