Nathalie Heirani Salmon-Hudry : Je suis née morte (Au vent des Iles, 2012)

Je suis née morte
Nathalie Heirani Salmon-Hudry
Au vent des Iles, Collection Littérature du Pacique, 2012
152 pages


Vi Nimö literary prize in New Caledonia in 2015


Nathalie Heirani Salmon Hudry dit (dans un TED Talk) qu’écrivant Je suis née morte  elle voulait ‘écrire vrai’ : et quel cadeau pour le lecteur / la lectrice.  Ce livre, écrit à l’aide d’un « pointeur frontal » par une écrivaine tahitienne dans sa vingtaine, raconte la vie d’une personne souffrant d’une paralysie cérébrale, à la suite – dans son cas – d’une erreur médicale à la naissance. L’auteure  raconte ses luttes et ses succès; comment elle surmonte ou non certains obstacles;  la gratitude qu’elle ressent – pour l’aide pratique et l’amour – envers sa mère, sa marraine, ses professeurs, ainsi que d’autres personnes. Ce livre raconte la compréhension unique, les rires et l’amitié, qui peuvent exister entre personnes handicapées.  Il parle aussi de la dépression et du désespoir – qui peuvent toucher tout groupe et âge – et le rétablissement qui peut venir lorsqu’on sait qu’on n’est pas seul à souffrir d’un tel désespoir.  Quelle chance que j’ai d’avoir découvert cette auteure.  J’ai comme ce sentiment présomptueux qu’on peut avoir parfois, en tant que lecteur, de m’être fait une nouvelle amie.  

Je suis née morte, se réaliser par l’écriture | Nathalie Salmon-Hudry | TEDxPapeete



Nathalie Heirani Salmon Hudry says (in a TEDtalk, with subtitles in French) that, in writing Je suis née morte (I Was Still-Born) she wanted to: ‘écrire vrai’; which I’d translate as ‘to be real in [her] writing’.  And what a gift to the reader that is.  This book, written with a head-pointer, by a Tahitian woman in her twenties, is about life as a person with Cerebral Palsy as the result (in this case) of a medical error at birth.  It is about Salmon Hudry’s struggles and successes; overcoming and not always overcoming barriers; about gratitude, for practical help and love, to her mother, godmother, teachers and others; it is about the particular understanding, laughter and friendship, that is possible between people with disabilities.  It is, also, about depression and despair – a condition that cuts across all groups and ages – and the recovery that can come from knowing you aren’t alone in your despair.  How lucky I am to have discovered this writer.  I have that presumptuous feeling readers can sometimes have – almost as if I have found a new friend.

Olivia de Lamberterie : Avec toutes mes sympathies (Gallimard, 2019)

Avec toutes mes sympathies
Olivia de Lamberterie
Gallimard, 2019
256 pages

Prix Renaudot Essai 2018

Avec toutes mes sympathies
(French Canadian for ‘all my condolences’) ‘should never have been written, because you should never have died’, says its author, Olivia de Lamberterie, literary critic for Radio France Inter’s ‘Le Masque et la Plume’ and literary editor of Elle.  In Avec toutes mes sympathies Olivia de Lamberterie writes about the life and death of her brother Alexandre de Lamberterie, a ‘wounded soul. Highly lucid, hypersensitive. Melancholic and disillusioned’ (ATMS), who died by suicide in Montreal four years ago on the fourteenth of this month.  What I most appreciated about this book – aside from the simple, unaffected writing and all the literary and musical references (such as Joan Didion, and the superb Anne Sylvestre and David Bowie) – is the respect that Olivia de Lamberterie shows towards her brother, in never presuming to speak on his behalf.  This book was written to (ATMS): ‘cherish [her] dead brother (…) to imprint his sparkling smile on the page and his last breath ’.

Avec toutes mes sympathies («avec toutes mes condoléances» en canadien français) «n’aurait jamais dû exister, puisque tu n’aurais jamais dû mourir», écrit son auteure, Olivia de Lamberterie, critique littéraire pour le Masque et la Plume France Inter et éditrice littéraire d’Elle.  Dans Avec toutes mes sympathies Olivia de Lamberterie raconte la vie et la mort de son frère Alexandre de Lamberterie, «un grand blessé.  Extralucide, hypersensible. Mélancolique et désabusé» (ATMS), qui s’est suicidé à Montréal il y a quatre ans le 14 de ce mois d’octobre.  Ce que j’ai surtout apprécié dans ce livre – à part l’écriture simple et sans artifices et les maintes références littéraires et musicales (dont Joan Didion, et les superbes Anne Sylvestre et David Bowie) – c’est le respect que témoigne Olivia de Lamberterie envers son frère ; ne prétendant pas parler en son nom.  Ce livre a été écrit pour (ATMS) : «chérir [son] frère mort (…) pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri».

Pour en savoir plus sur Olivia de Lamberterie et sur le titre de son premier livre : « Olivia De Lamberterie, Linceul et Unique» par Virginie Bloch-Lainé pour Libération – 11 septembre 2018

Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés: voir NEWSLETTER – Farlane on French Writer

Sign up to e-newsletter to be alerted when new reviews are posted

Katia Chapoutier : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (Le Passeur, 2018)


Katia Chapoutier
La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir 
(Le Passeur, 2018)
282 pages


As Tuesday the 10th of September is World Suicide Prevention Day, I’ve chosen La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (‘Life after the Suicide of Someone Close to You: Stories of Hope’) edited – with great care and emotional intelligence – by Katia Chapoutier, a journalist and ‘suicide survivor’ – i.e. a person bereaved by suicide.  I discovered this book in January 2018, thanks to ‘Le monde en face’, a television programme on France 5.  La vie après le suicide d’un proche is made up of several chapters written by suicide survivors, as well as a few by mental health specialists, such as Christophe Fauré and Monique Séguin .  There need to be more books in English where you hear from people bereaved by suicide, so I do hope this book will be translated soon. 

P.S. Two books for English Readers:  

Why Suicide? Questions and Answers about Suicide, Suicide Prevention, and Coping with the Suicide of Someone You Know (HarperTen, 2010) by Eric Marcus
Available on e-reader, kind, helpful, short chapters, not over-theoretical, written by someone bereaved by suicide.

Myths about Suicide (Havard University Press, 2010) by Thomas Joiner

Facts and Figures in brief – provided by IASP for World Suicide Prevention Day:


Puisque le mardi 10 septembre est la Journée mondiale de prévention du suicide, j’ai choisi : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir, édité – avec beaucoup de soins et une forte intelligence émotionnelle – par Katia Chapoutier, journaliste et endeuillée par un suicide.  J’ai découvert ce livre en janvier 2018, grâce à l’émission ‘Le monde en face’ (France 5) animée par Marina Carrère d’EncausseLa vie après le suicide d’un proche contient plusieurs témoignages de personnes endeuillées par le suicide d’un proche, et quelques chapitres écrits par des spécialistes de la santé mentale, comme Christophe Fauré et Monique Séguin.  Je ne connais pas beaucoup de livres où on entend principalement de personnes touchés par le suicide d’un proche, alors je suis reconnaissante d’avoir repéré ce livre.  J’espère fortement que La vie après le suicide d’un proche livre va être traduit en anglais.

Europe 1 : Marina Carrère d’Encausse et Katia Chapoutier répondent aux questions de Philippe Vandel

Arnaud Cathrine : J’entends des regards que vous croyez muets (Gallimard, 2019)


J’entends des regards que vous croyez muets 
Arnaud Cathrine
Collections Verticales, Gallimard, mars 2019
192 pages


Le quatorzieme livre d’Arnaud Cathrine, J’entends des regards que vous croyez muets (le titre vient d’une ligne de Britannicus par Racine : j’entendrai des regards que vous croirez muets) est une collection de soixante-cinq très courts récits à partir d’observations sous la forme du ‘flux de conscience’– de la non-fiction-créative, une  écriture qui fait penser à Journal du dehors (Gallimard, 1993) d’Annie Ernaux et à Nos vies (Buchet-Chastel, 2017) de Marie-Hélène Lafon. Ce dernier livre d’Arnaud Cathrine donne au lecteur/ à la lectrice un accès privilégié au processus créatif d’un écrivain lorsqu’il prend – ou bien ‘vole’, comme il le dit lui-même – des bribes de choses entendues ou lues (à Paris et en Normandie, dans un café ou dans la rue, dans un train ou sur la plage) et en fait une sorte de docudrame littéraire, au style épuré.  Ces projections ludiques sur des personnes que Cathrine traque, tel un ‘prédateur joyeux’, pour en faire à leur insu sa matière brute, plus les quelques récits purement fictifs, font un livre riche en surprises.   

 

Arnaud Cathrine’s fourteenth book, J’entends des regards que vous croyez muets (a line taken from Racine’s Britannicus: J’entendrai des regards que vous croirez muets/ I’ll hear looks that you’ll think are silent) is a collection of sixty-five very short, stream-of-conscious ‘observation pieces’ – creative non-fiction that brings to mind both Annie Ernaux’s Journal du dehors (Gallimard, 1993) and Marie-Hélène Lafon’s Nos vies (Buchet-Chastel, 2017).  This latest work by Arnaud Cathrine gives the reader privileged access to a writer’s creative process as he takes – or ‘steals’, as he puts it – snatches of things heard or seen (in Paris and Normandy, in cafés and on streets, trains and beaches) and dreams up a kind of spare literary docudrama.  These playful projections onto unsuspecting people that Cathrine has deliberately gone out, like a ‘joyful predator’, to use as raw material, alongside a few entirely imagined scenarios, together make a book full of confounded expectations. 


Spectacle J’entends des regards que vous croyez muets, une lecture musicale d’Arnaud Cathrine (écrivain) et Mathieu Baillot (musicien). Créé dans le cadre du Festival les Emancipéés Vannes (Scènes du Golfe, Vannes, France).

Marie-Hélène Lafon : Nos vies (Buchet-Chastel, août 2017)



Nos vies
Marie-Hélène Lafon
Buchet-Chastel,
août 2017
192 pages


A short book with a simple structure, Nos vies (Our Lives) by Marie-Hélène Lafon, is about a retired woman Jeanne Santoire, who observes two people in her local Francprix supermarket – Gordana, the cashier at checkout counter number four and the customer who is secretly in love with her – and, like a detective (or a writer), Jeanne makes up a story about their lives.  She invents what she doesn’t know about these – you might have to call them – ‘characters’ (although they, like Jeanne, feel like real people), and weaves into this narrative thoughts about her own life: her parents, her ex-lover Karim who disappeared out her life twenty years ago, her neighbours, and people from the choir where she sings.  Nos vies is about people who are very alone.  But it is worth noting the word ‘Nos’ (‘Our’) in the title – that recognises we are not alone in finding life difficult.  Nos vies is about empathy, being curious about others, and, I’d say, about that very zeitgeist concept: resilience. 

Nos vies par Marie-Hélène Lafon est un livre court avec une structure simple : une femme retraitée, Jeanne Santoire, observe deux personnes à son Francprix local – Gordana, la caissière à la caisse quatre et un client qui l’aime en secret – et comme une détective (ou bien une écrivaine) Jeanne crée une histoire autour de leurs vies.  Elle invente ce qu’elle ne sait pas à propos de ces – il faudrait les appeler – ‘personnages’ (quoiqu’ils semblent être, comme Jeanne, des personnes réelles).  Jeanne tisse dans ce récit des pensées sur sa propre vie : ses parents, son ex-amant Karim qui a disparu il y a une vingtaine d’années, ses voisins, et les personnes du chœur où elle chante.  Nos vies raconte la vie de gens qui sont très seuls. Mais il est à noter dans ce titre le mot ‘Nos’ qui rappelle qu’on n’est pas seul à trouver la vie difficile.  Nos vies est un roman sur l’empathie, sur la curiosité à l’égard d’autrui, et, je dirais aussi, sur ce concept tellement dans l’air du temps : la résilience.     

Marie-Hélène Lafon présente son invention « Nos vies »: La Grande Librairie Published on 3 Nov 2017


Caroline Lamarche -Nous sommes à la lisière – nouvelles (Gallimard, 2019)

Nous sommes à la lisière – nouvelles

Caroline Lamarche

Gallimard, 2019

176 pages

Winner of the short story category of Le Prix Goncourt, Nous sommes à la lisière (‘We are at the Very Edge’) by the Belgian writer Caroline Lamarche, is a collection of nine stories about a planet in crisis.  To be ‘à la lisière’ means: to be at the extreme edge of something – in this case: destruction.  The ‘We’ /‘Nous’ in the title is all inclusive, referring to all living beings, humans, plants, animals, the entire planet.  For, as the horse groom in the short story ‘Mensonge’, says: ‘what is bad for one is bad for the other, our health is that of the planet’.  But this is not a ‘Message’ book (Caroline Lamarche, ‘La cane frappait au carreau’, Libération, 15 March, 2019).  With these stories, some written over twenty years ago, Caroline Lamarche simply invites us, through her clear, clean style, to pay close attention.  My two favourite stories are ‘Frou-Frou’ (about a volunteer at a bird rescue centre and his duck Frou-Frou) and ‘Tish’ (about two homeless women and their cat Tish – ‘shit’, i.e. hashish backwards).  The recurring theme of Nous sommes à la lisière is compassion.

Caroline Lamarche : «La cane frappait au carreau» Par Frédérique Fanchette Envoyé spéciale à Overijse (Belgique) Photos Colin Delfosse — 15 mars 2019 à 17:07


Prix Goncourt de la Nouvelle 2019, Nous sommes à la lisière – de l’autrice belge Caroline Lamarche – est une collection de nouvelles sur notre planète en péril‘La lisière, c’est l’extrémité de quelque chose, à l’origine ‘l’extrémité d’un tissu’.  Donc « être à la lisière » c’est se tenir sur cette limite extrême, on pourrait presque dire « au bord du gouffre » en faitLe ‘Nous’ du titre est inclusif – il inclut tous les être vivants, les être-humains, les plantes, les animaux, la planète entière.  Car, comme dit le palefrenier dans la deuxième nouvelle ‘Mensonge’: ‘ce qui est mauvais pour les uns est mauvais pour les autres, notre santé, c’est celle de la planète’.  Mais ce n’est pas ‘un livre à message’ (Caroline Lamarche, «La cane frappait au carreau», Libération, 15 mars 2019).  Avec ces histoires, dont certaines écrites il y a vingt ans, Caroline Lamarche nous invite tout simplement, de par son style limpide, à être attentifs.  Mes deux nouvelles favorites sont ‘Frou-Foru’ (à propos d’une cane blessée) et ‘Tish’ (à propos d’un couple de femmes SDF et leur chat Tish – ‘shit’, c.-à-d. le haschich, à l’envers).  Le thème récurrent de Nous sommes à la lisière est la compassion. 

Delphine de Vigan : Les gratitudes (Éditions JC Lattès / Le Masque, 2019)

Les gratitudes

Delphine de Vigan

Éditions JC Lattès / Le Masque, 2019

176 pages

 


Les gratitudes 
est un livre court et simple sur la gratitude en action.  Michka est en début d’aphasie de Wernicke appelé aussi aphasie réceptive, un trouble dont un des symptômes est qu’on mélange les mots un peu similaires – deux exemples : ‘d’accord’ devient ‘d’abord’ et merci devient ‘merdi’.  Michka doit aller vivre dans un Ehpad, où elle est suivie par un orthophoniste gentil et respectueux, Jérôme, et reçoit des visites d’une jeune amie, Marie.  Les gratitudes est un roman triste et plein d’espoir sur la bonté humaine, sur les réalités du vieillissement et sur le besoin humain d’exprimer sa gratitude.  J’ai beaucoup aimé ce livre pour son style sans fioriture et pour son mélange de douleur et de compassion digne de l’im/perfection de l’art Kintsugi.
Merci à Nathalie Denizot de m’avoir envoyé ce livre.

Delphine de Vigan :
« Vieillir, c’est apprendre à perdre »
France Inter
Published on 11 Mar 2019
 

Les gratitudes is a short, simple book about gratitude in action.  Michka has Wernicke’s aphasia – or ‘receptive aphasia’, a condition where, among other symptoms, you mix up words that sound the same: for example, ‘okay’ becomes ‘obey’.  She has to move into an old people’s home, where she has speech therapy from kind, respectful Jérôme, and is visited by a grateful young friend, Marie.  Les gratitudes is a sad, hopeful novel about human goodness, the realities of ageing and the human need to express one’s gratitude.  I loved this book for its unadorned style and its fusion of pain and compassion that is nigh-on Kintsugi-/im/perfect.
Thank you to Nathalie Denizot for sending me this book.

Now available in English: 

Gratitude (Bloomsbury, 2021) Delphine de Vigan  (Author), George Miller (Translator)


Delphine de Vigan Interview
The Dangerousness of Writing

(Louisiana Channel – published on 27 Dec 2018)

claudine galea: Les choses comme elles sont (Gallimard, 2019)

Les choses comme elles sont

claudine galea

Gallimard, 2019

248 pages

L’histoire se passe à Marseille entre les années 60 et 80. C’est celle d’une enfant (puis adolescente, puis jeune femme) dotée – on le découvre dès les toutes premières pages – d’une curiosité exceptionnelle.  ‘La petite’, comme la dénomme l’auteure claudine galea (écrits sans majuscules), apprend à lire très jeune et trouve aussitôt dans la lecture un moyen d’élargir son monde et de d’échapper à sa vie familiale extrêmement difficile. Fille d’un père pied-noir et d’une mère communiste dont on pourrait dire que le mariage (qui ne durera pas) a été l’acte posé par deux morts, ‘la petite’ se met à élucider divers ‘trous noirs’ de cette histoire familiale.  Elle peint ainsi un portrait complexe de ces deux personnes (qui s’aiment comme elles peuvent et se disputent comme on s’y attendrait peut-être, tant au niveau politique que personnel) sans jamais les enfermer dans des boites rigides.  Claudine galea n’évite pas non plus ce qui dans la vie de son jeune personnage principal pourrait déranger le lecteur / la lectrice – tant et si bien qu’il y en aura peut-être qui vont vouloir sauter certains passages de ce livre.  Merci à Reuben Lane et à Simon Hiler de m’avoir envoyé ce livre par endroits dérangeant.

CLAUDINE GALEA, L’ÉCRITURE AU JOUR LE JOUR – la vidéo dure 2 minutes 36 secondes (Théâtre l’Echangeur)

This novel is set in Marseilles between the 60’s and the 80’s and tells the story of a child, then adolescent then young woman, who demonstrates – as you learn over the very first pages – a great curiosity.  ‘La petite’, as the author claudine galea (not capitalized) calls her, learns to read at a very young age and quickly discovers that reading can be a way of expanding her world, and provide an escape from her fraught family life.  Daughter of a pied-noir father and communist mother – whose marriage (that won’t last) was triggered, you could say, by two deaths – ‘la petite’ sets out to fill in various ‘memory blanks’.  She paints a complex portrait of these two flawed characters (who love each other the best they can, and argue, as one might expect, on both political and personal matters) without ever putting them in boxes.  Nor does claudine galea avoid including aspects of her main character’s life that some readers might find disturbing; so much so that some may feel compelled to skip a few pages of this book. Thank you to Reuben Lane and Simon Hiler for sending me this (in places) disturbing book.

PS : link to a song mentioned in this book – Viens là – by Françoise Hardy : https://www.youtube.com/watch?v=NuUGmfwV7Rc

Pascale Kramer: Une Famille (Flammarion, 2018)

Une famille

Pascale Kramer

Flammarion, 2018

In this novel, Une famille by Pascale Kramer, you hear, exclusively and successively, from family members affected by a relative’s alcoholism.  The primary focus is on a family whose attention revolves around one family member, Romain, the alcoholic – who in this narrative has no voice but is everyone’s obsession.  And it is this particular focus – the clue is in the title: A Family (not: ‘An Alcoholic’) – that, paradoxically, gives the book all its power: you get to hear from people who are powerless over a person who is powerless over alcohol.   This multiple subjective point of view, where each person expresses themselves one after another, and couched in a simple structure – the same night before the birth of a baby girl and following day, as experienced by each family member: the father-in-law, sisters, brother, and mother – is, I feel, perfectly chosen for the book’s theme: the family disease of alcoholism.  Secrets are in this way revealed, as the uncensored thoughts and opinions of each flawed (and traumatised) character are given voice.

If you are affected by someone else’s drinking, see: Al-Anon
(‘Al-Anon Family Groups are for the families & friends of alcoholics who share their experience, strength, & hope in order to solve their common problems.’)

Dans ce roman, Une famille par Pascale Kramer, la parole est donnée exclusivement et successivement aux membres d’une famille affectée par l’alcoolisme de l’un d’entre eux.  Le sujet principal est une famille dont l’attention tourne autour d’un de ses membres : Romain, un trentenaire malade alcoolique – sans voix dans ce récit mais toutefois l’obsession de tous.  Et c’est ce focus particulier dont l’indice est dans le titre (Une famille et non pas Un alcoolique) qui, paradoxalement, donne au livre toute sa force : l’auteur nous donne à entendre les témoignages de gens impuissants devant une personne elle-même impuissante devant l’alcool.  Ce point de vue subjectif, multiple, où chacun s’exprime à tour de rôle, articulé dans une structure simple – la veille de la naissance d’une enfant et le lendemain, tels qu’ils sont vécus par chaque membre de la famille : le beau-père, les sœurs, le frère et la mère – est, me semble-t-il, parfaitement choisi pour le thème principal du livre : la maladie familiale de l’alcoolisme.  Les secrets sont ainsi dévoilés au fur et à mesure que les les non-dits de chaque personnage imparfait (et traumatisé surtout) se font entendre.

Si vous êtes affecté/e par l’alcoolisme d’un proche : Al-Anon
(‘Les membres Al-Anon sont des personnes qui ont été affectées par la consommation d’alcool d’une autre personne.’)

Un an auprès des Alcooliques Anonymes
Le mouvement des Alcooliques Anonymes fête cette année ses 60 ans d’existence en France. A l’occasion de cet anniversaire, Interception vous emmène au coeur de leurs réunions. Témoignages rares, bruts, sans filtre.

Dimanche 18 octobre 2020
par Philippe Bardonnaud , Vanessa Descouraux , Géraldine Hallot

Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés: voir NEWSLETTER – Farlane on French Writers

.

Sign up to e-newsletter to be alerted when new reviews are posted

Nina Bouraoui: TOUS LES HOMMES DÉSIRENT NATURELLEMENT SAVOIR

Nina Bouraoui
TOUS LES HOMMES DÉSIRENT NATURELLEMENT SAVOIR
Lattès, 2018
256 pages

 

‘I am perhaps also a writer because I am homosexual’ (Nina Bouraoui, La Grande Librairie 19.9.18)

Nina Bouraoui started writing at eighteen when she started going to the famous lesbian nightclub in Paris, ‘Le Kat’, where she met people she says (La Grande Librairie : 19.9.18) she’d never otherwise have mixed with during the day – prostitutes, ex-detainees as well as lawyers, teachers.  Le Katmandou, run by the writer Elula Perrin, has provided material for many of Bouraoui’s books, including Tous les hommes désirent naturellement savoir, her sixteenth.  Made up of short counterpoint chapters, with the repeated titles, backwards and forwards in time – Becoming, Remembering, Knowing and Being – TLHDNS relates Bouraoui’s childhood in Algeria and in France, her evenings at Le Kat, and how she became a writer.  She explains that she has, in fact, three cultures (a huge advantage, she says, for a writer): Algerian (from her father and from having lived in Algeria until the age of 14); French (from her mother); and homosexual.  Her mother, a great reader, plays an important role in Bouraoui becoming a writer – I loved the image her sleeping in the sun, with a book lying open against her, ‘flesh against flesh’ (TLHDNS).  As a writer, I savoured TLHDNS, because it tells the story of a writer’s beginnings; and, like Bouraoui, I too ventured, in my late teens, onto the lesbian clubbing scene (in my case, in New Zealand), so this book was quite a fascinating read for me.

Ps Available in English: Nina Bouraoui’s Tomboy (University of Nebraska Press, 2007)

pps Nina Bouraoui’s All Men Want to Know (Viking, 2020) is now available in English, thanks to the translator Aneesa Abbas Higgins.

 

‘Je suis peut-être aussi écrivain parce que je suis homosexuelle.’  (Nina Bouraoui, LGL 19.9.18)

Nina Bouraoui a commencé à écrire dès l’âge de 18 ans quand elle a commencé à fréquenter le Kat, une boite de nuit lesbienne mythique où elle a rencontré des personnes dont elle dit qu’elle ne les aurait jamais pu croiser la journée’ (La Grande Librairie : 19.9.18) – des prostituées, des anciennes détenues, des avocates.  Le Katmandou, géré par l’écrivaine Elula Perrin, a fourni du matériau pour maints livres de Bouraoui, dont Tous les hommes désirent naturellement savoir, son seizième.  Construit de courts chapitres en contrepoint, avec des titres répétés et des allers-retours dans le temps – Devenir, Se souvenir, Savoir et Être – TLHDNS raconte l’enfance de l’auteure entre l’Algérie et la France, ses nuits au Kat et ses débuts d’écrivaine.  Elle explique qu’elle a trois cultures (gros avantage, dit-elle, pour un écrivain): algérienne (par son père et pour avoir vécu en Algérie jusqu’à l’âge de 14 ans), française par sa mère, et homosexuelle.  Sa mère, grande lectrice, est aussi très importante dans ce parcours d’écrivaine; j’ai beaucoup aimé l’image d’elle, allongée au soleil, tenant  ‘ses romans contre elle […] chair contre chair’ (TLHDNS).  Étant moi-même écrivaine, J’ai savouré TLHDNS, puisqu’il raconte une écrivaine en devenir; et, comme Bouraoui, je me suis aventurée dans ma jeunesse dans le milieu lesbien (néo-zélandais en l’occurrence), ce roman a été pour moi une lecture fascinante.

Nina Bouraoui présente « Tous les hommes désirent naturellement savoir »
Published on 4 Oct 2018

Nina Bouraoui La Grande Librairie 19 septembre 2018 

Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés: voir NEWSLETTER – Farlane on French Writer

Sign up to e-newsletter to be alerted when new reviews are posted