Constance Debré : Love Me Tender (Flammarion, 2020)

Love Me Tender
Constance Debré
Flammarion, 2020
192 pages

« J’aime cette chaleur, cette impression de fin du monde, je me fous de la planète qui crève, moi aussi je crève » 

J’ai hésité à lire ce livre.  Mais quelle force derrière l’écriture – qu’on va soit beaucoup aimer,  je pense, soit détester.  En tout cas, cela ne laissera personne insensible.  Dans son deuxième roman Love Me Tender (contemporain, qui se déroule à Paris), Constance Debré ne perd pas de temps en détails inutiles.  Que l’essentiel : elle compte survivre.  En se dépouillant de presque toutes ses affaires – du pas si nécessaire finalement – elle voyagera léger.  Car la situation est grave : son ex, un homme qui digère mal l’homosexualité de cette dernière (sa liberté plus précisément), l’accuse de pédophilie.  Elle perd donc la garde de son fils et doit attendre la décision du tribunal.  Durant ce temps, elle nage tous les jours (rester forte, ça l’aide) et « baise [d]es filles » – rencontres éphémères et sans lendemain, c’est ce qu’elle veut.  Aucun sentimentalisme dans ce livre qui raconte l’histoire d’une douleur insondable.  J’ai beaucoup aimé ce roman pour son acharnement, jusqu’au bout.  C’est assez impressionnant.



‘I love the heat, that end-of-the-world feeling, I don’t give a fuck that the planet’s dying, I’m dying.’

I hesitated to read this book.  But what power there is behind the writing – that readers will either love, I think, or hate.  In any case, it won’t leave the reader indifferent.  In her second novel Love Me Tender (contemporary, set in Paris), Constance Debré wastes no time on superfluous detail.  There is only what is essential – she plans to survive.  The narrator gets rid of nearly all her things – not so necessary after all – she’ll travel light.  Because the situation is serious:  her ex, a man who has trouble coping with her homosexuality (or perhaps her freedom, in particular), accuses her of paedophilia.  And so she loses the right to see her son and has to await the court’s ruling.  While this goes on, she swims daily (it helps her, to stay strong) and ‘fucks women’ – one-night-stands, or short-term lovers fine too.  No sentimentalism in this book that tells a story of such unfathomable pain.  I loved this novel for its relentlessness, right to the end.  It’s quite impressive.     

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Now available in English:
Love Me Tender is now available in English (translator Holly James), from Tuskar Rock.

PS en musique :
I Will Survive’ de Gloria Gaynor
« La pluie qui tombe » de Daniel Darc (Extrait de l’album « Crèvecœur  » 2004)

Daniel Pennac : La loi du rêveur (Gallimard, 2019)

La loi du rêveur
Gallimard, 2019
de Daniel Pennac
176 pages

À partir d’un rêve fait pendant un coma et de conversations réelles (ou peut-être bien imaginaires), Daniel Pennac raconte – en mentant pour mieux parler vrai – ses débuts d’écrivain.  Ainsi, il nous livre un conte à la fois féerique et réaliste – avec, puisque c’est plus fort que lui (on y discerne l’auteur généreux de Chagrin d’école et de Comme un roman) des pépites de conseil pratique, tel que : comment aider, par une astuce ludique (que je ne dévoilerai pas ici), des élèves qui ne veulent ou ne peuvent écrire à devenir accros de l’écriture au point de les imaginer devenir de futurs écrivains – c’est-à-dire, comme Pennac, d’enthousiastes menteurs. Dans La loi du rêveur, les rêves et la réalité se mêlent et se confondent en l’imagination [de Pennac], qui « ne doit aucune fidélité aux rêves » (La loi du rêveur). Pennac dit « j’aime admirer. C’est chez moi une autre façon de lire. ». Un livre magique. 

Taken from dreams he had during a coma, and from real (or perhaps imagined) conversations, Daniel Pennac tells the story – lying, in order to be more truthful – of how he became a writer.  So he presents us with a tale that is both fantastical and realistic – with, since he can’t help himself (I can see here the author of School Blues and The Rights of the Reader, translated by Sarah Ardizzone) little gems of practical advice, such as: how do you get students who can’t or won’t write to become addicted to writing, so much so that you could imagine them becoming writers one day – that is to say, like Pennac, enthusiastic liars.  In The Law of the Dreamer, dreams and reality mix and melt in [Pennac’s] ‘imagination, which doesn’t have to be faithful to dreams’ (La loi du rêveur). Pennac says: ‘I like to admire.  It’s my way of reading.’  A magical book.    

Chagrin d’école (Gallimard, 2007) de Daniel Pennac:
School Blues (MACLEHOSE PRESS, 2010), translated by Sarah Ardizzone.

Comme un roman (Gallimard, 1992) de Daniel Pennac:
Reads Like a Novel
(Quartet Books, 1994), translated by Daniel Gunn
The Rights of the Reader (Candlewick Press, 2008 / Penguin Random House, 2015), translated by Sarah Ardizzone

Emmelie Prophète : Un ailleurs à soi (Mémoire d’encrier, 2018)

Un ailleurs à soi
Mémoire d’encrier, 2018
Emmelie Prophète 
116 pages

Emmelie Prophète est poète, romancière, journaliste et directrice de la Bibliothèque nationale d’Haïti.  Dans son dernier roman, Un ailleurs à soi, elle a voulu parler de tous ces jeunes Haïtiens qui désirent «laisser leur pays natal» (voir l’émission de Catherine Fruchon-Toussaint, « Littérature sans frontières« ).  Ce roman – dont les personnages principaux sont deux jeunes filles, Lucie et Maritou – concerne aussi «le dur défi d’être gai en Haïti» (j’utilise ici le titre d’un très beau documentaire de Sophie Langlois sur le Mouvement M en Haïti ). 
En effet, Un ailleurs à soi est un poignant roman d‘apprentissage, une histoire d’amour : Lucie travaille le jour dans un restaurant, Le Ayizan (ce qui, dans la terminologie vaudou, veut dire «terre sacrée») et la nuit elle vend son corps.  Maritou, introvertie butch, qui habite chez ses demi-sœurs Jeannette (rancunière) et Clémence (insatisfaite de sa vie), rêve de partir vivre ailleurs où «on admettait qu’il y ait des couples de même sexe» (Un ailleurs à soi).  Lorsque Lucie et Maritou deviennent amantes, Maritou lit des histoires à Lucie dans l’espoir de lui inspirer le désir de partir vivre ailleurs … 


Communauté M (Masisi, Madivin, Monkonpè, Makomè, Mix)  
≠ LGBTI
La notion de LGBT ne correspond pas à la réalité haïtienne​:
https://www.kouraj.org/la-communaut-m  

Charlot Jeudy (1 janvier, 1984 – 25 novembre, 2019) : était président de Kouraj

Emmelie Prophète is a poet, novelist, journalist and Director of Haiti’s National Library.  In Un ailleurs à soi (An Elsewhere of One’s Own) Emmelie Prophète wanted to write about all the young Haitians who long ‘to leave the country where they were born’ (Littérature sans frontières, hosted by Catherine Fruchon-Toussaint).  This novel – whose main characters are two young women, Lucie and Maritou – is also about ‘the hard challenge of being gay in Haiti’ (see Sophie Langlois’ wonderful documentary on the M MovementLe dur défi d’être gai en Haïti).  
Un ailleurs à soi is a poignant coming-of-age love story: Lucie works during the day in a restaurant, Le Ayizan (a word which in voodoo terminology means ‘sacred earth’) and sells her body at night; Maritou, a butch introvert, who lives with her half-sisters Jeannette (resentful) and Clemence (unhappy with her life), dreams of going to live somewhere else, where ‘same sex couples are accepted’ (Un ailleurs à soi).  When Lucie and Maritou become lovers, Maritou reads stories to Lucie, hoping to kindle a desire of going and living elsewhere …


The M Community (Masisi, Madivin, Makomer, Mix) ≠ LGBTI
The “LGBT” notion does not correspond to the Haitian reality
https://www.kouraj.org/from-lgbt-to-m-community

Charlot Jeudy (1 January, 1984 – 25 November, 2019): Was a leading figure in the M community   

Chloé Delaume : S’écrire : mode d’emploi (Éditions publie.net, 2008)

S’écrire : mode d’emploi
Chloé Delaume
Éditions publie.net, 2008, 22 pages

In S’écrire : mode d’emploi (Writing Oneself : a user guide), a little book of only 22 pages, Chloé Delaume shares some writing techniques – or rather her writing experiences.  Because S’écrire is not, despite its subtitle mode d’emploi, a ‘how to’ guide on writing.  It is far more magical than that.  My name is Chloé Delaume, the author concludes on the last page, I am a fictional character.  I have no user guide about writing oneself, only a few little pointers I have just laid out here.  This has merely been an experience told.  Thank you all for listening.   And here – in two sentences from S’écrire – is the core ‘how to’ of this ‘experience’: It is no longer a case of using lived material, but of purposefully making the material come about.  Injecting fiction into the course of life, in order to change life so that writing becomes, in a concrete way, something that produces fiction in real life.  Rephrased: Delaume sets about provoking situations in real life, in order to create an event that is in itself a work of art both as it happens, and on paper once written.  Inspiring writing, inspiring writing.

Dans S’écrire : mode d’emploi (Writing oneself : a user guide), un petit livre de 22 pages, Chloé Delaume partage quelques techniques d’écriture – ou plutôt ses expériences d’écriture.  En effet,  S’écrire n’est pas, malgré son sous-titre mode d’emploi, un guide d’écriture.  C’est de loin plus magique.  Je m’appelle Chloé Delaume, conclut l’autrice à la dernière page, je suis un personnage de fiction.  De l’écriture de soi, je n’ai pas de mode d’emploi, juste quelques petites pistes que je viens d’exposer.  Ce n’était qu’un témoignage.  Je vous remercie tous de m’avoir écouté.  Et voici, en deux phrases tirées de S’écrire, la procédure à suivre pour parvenir à cette ‘expérience’ :Il ne s’agit plus d’utiliser des matériaux vécus, mais de les provoquer.  Injecter de la fiction dans le cours de la vie, pour modifier celle-ci et faire que l’écriture devienne concrètement un générateur de la fiction dans le réel.  En d’autres mots: Delaume cherche à provoquer des expériences, pour en créer du vécu qui est aussi bien une œuvre d’art en soi et sur papier une fois écrit.  De l’écriture inspirante, qui inspire à écrire.

Valérie Rouzeau : Sens averse (répétitions) (Éditions La Table Ronde, 2018)

Sens averse (répétitions)
Valérie Rouzeau
Éditions La Table Ronde, 2018, 140 pages


Valérie Rouzeau est magicienne de la langue ; elle invente des mots et détourne les expressions courantes.  Les poèmes dans Sens averse (répétitions) sont intelligents, ludiques et sérieux – et peuvent parfois faire rire aux éclats. Il y a quelque chose de très amusant dans le rythme de son écriture: par exemple, dans un poème sur la merveille qu’est l’énergie canine – cette phrase: ses pattes et sa pâtée / sa puce RFID ; quelque chose de si joyeux dans l’image du chien qui vous « fend la bise » lorsqu’il court sur la plage. 
     L’ordre apparemment sans queue ni tête des poèmes sied au ton sérieux de ce recueil – qui inclut des poèmes sur le changement climatique, sur les sans domicile fixe ; sur le suicide; sur quelqu’un qui fait les soldes (et en revient bredouille); sur une cour d’école bruyante tout à coté; sur la nourriture avec des nanoparticules ; sur une mégère qui crie et son ‘téléfon’; sur des conversations dans le Hole in the Wall (un bar londonien situé tout près de la National Poetry Library); ainsi que des poèmes dédiés à d’autres poètes – à Pascale Petit, à l’ancien Poète Lauréat des États-Unis Kay Ryan, et à d’autres poètes encore.
     Bonne nouvelle pour les anglophones : il existe deux recueils bilingues  de Valérie Rouzeau – Cold Spring in Winter (Arc Publications, 2009 / une traduction du recueil Pas Revoir) et Talking Vrouz (Arc Publications, 2013), grâce à la traductrice, Susan Wicks, elle-même poète – et romancière. 


Valérie Rouzeau is a linguistic magician; she invents words and subverts expressions.  The poems in Sens averse (répétitions) are clever, playful and serious – and sometimes laugh-out-loud funny, too.  There is something so fun about the rhythm of her writing: in, for example, a poem about the great wonder of a dog’s energy – this line: ses pattes et sa pâtée / sa puce RFID (its dog-paws, its dog-food, its doggy microchip); and something so full of joy in the image of the dog’s ‘windbreak-kisses’ (‘il vous fend la bise’) as it cuts across a beach. 
     The (apparently) random placing of this collection’s poems fits the ‘desperate-times’ tone of Sens averse – with poems about climate change; homelessness and suicide; going shopping during the sales (without buying anything); noisy children in a nearby schoolyard; food containing nanoparticles; a screeching adult human noise-polluter and her ‘loudphone’ (‘téléfon’); eavesdropping at the Hole in the Wall (a London pub near the National Poetry Library); and poems dedicated to other poets, such as Pascale Petit, and former US Poet Laureate Kay Ryan, as well as others. 
     Good news for readers in English: Valérie Rouzeau’s Pas Revoir (Le Dé bleu, 1999) and Vrouz (La Table Ronde, 2012) have been translated by the poet, novelist and translator Susan Wicks for the parallel texts Cold Spring in Winter (Arc Publications, 2009) and Talking Vrouz (Arc Publications, 2013). 

Nathalie Heirani Salmon-Hudry : Je suis née morte (Au vent des Iles, 2012)

Je suis née morte
Nathalie Heirani Salmon-Hudry
Au vent des Iles, Collection Littérature du Pacique, 2012
152 pages


Vi Nimö literary prize in New Caledonia in 2015


Nathalie Heirani Salmon Hudry dit (dans un TED Talk) qu’écrivant Je suis née morte  elle voulait ‘écrire vrai’ : et quel cadeau pour le lecteur / la lectrice.  Ce livre, écrit à l’aide d’un « pointeur frontal » par une écrivaine tahitienne dans sa vingtaine, raconte la vie d’une personne souffrant d’une paralysie cérébrale, à la suite – dans son cas – d’une erreur médicale à la naissance. L’auteure  raconte ses luttes et ses succès; comment elle surmonte ou non certains obstacles;  la gratitude qu’elle ressent – pour l’aide pratique et l’amour – envers sa mère, sa marraine, ses professeurs, ainsi que d’autres personnes. Ce livre raconte la compréhension unique, les rires et l’amitié, qui peuvent exister entre personnes handicapées.  Il parle aussi de la dépression et du désespoir – qui peuvent toucher tout groupe et âge – et le rétablissement qui peut venir lorsqu’on sait qu’on n’est pas seul à souffrir d’un tel désespoir.  Quelle chance que j’ai d’avoir découvert cette auteure.  J’ai comme ce sentiment présomptueux qu’on peut avoir parfois, en tant que lecteur, de m’être fait une nouvelle amie.  

Je suis née morte, se réaliser par l’écriture | Nathalie Salmon-Hudry | TEDxPapeete



Nathalie Heirani Salmon Hudry says (in a TEDtalk, with subtitles in French) that, in writing Je suis née morte (I Was Still-Born) she wanted to: ‘écrire vrai’; which I’d translate as ‘to be real in [her] writing’.  And what a gift to the reader that is.  This book, written with a head-pointer, by a Tahitian woman in her twenties, is about life as a person with Cerebral Palsy as the result (in this case) of a medical error at birth.  It is about Salmon Hudry’s struggles and successes; overcoming and not always overcoming barriers; about gratitude, for practical help and love, to her mother, godmother, teachers and others; it is about the particular understanding, laughter and friendship, that is possible between people with disabilities.  It is, also, about depression and despair – a condition that cuts across all groups and ages – and the recovery that can come from knowing you aren’t alone in your despair.  How lucky I am to have discovered this writer.  I have that presumptuous feeling readers can sometimes have – almost as if I have found a new friend.

Olivia de Lamberterie : Avec toutes mes sympathies (Gallimard, 2019)

Avec toutes mes sympathies
Olivia de Lamberterie
Gallimard, 2019
256 pages

Prix Renaudot Essai 2018

Avec toutes mes sympathies
(French Canadian for ‘all my condolences’) ‘should never have been written, because you should never have died’, says its author, Olivia de Lamberterie, literary critic for Radio France Inter’s ‘Le Masque et la Plume’ and literary editor of Elle.  In Avec toutes mes sympathies Olivia de Lamberterie writes about the life and death of her brother Alexandre de Lamberterie, a ‘wounded soul. Highly lucid, hypersensitive. Melancholic and disillusioned’ (ATMS), who died by suicide in Montreal four years ago on the fourteenth of this month.  What I most appreciated about this book – aside from the simple, unaffected writing and all the literary and musical references (such as Joan Didion, and the superb Anne Sylvestre and David Bowie) – is the respect that Olivia de Lamberterie shows towards her brother, in never presuming to speak on his behalf.  This book was written to (ATMS): ‘cherish [her] dead brother (…) to imprint his sparkling smile on the page and his last breath ’.

Avec toutes mes sympathies («avec toutes mes condoléances» en canadien français) «n’aurait jamais dû exister, puisque tu n’aurais jamais dû mourir», écrit son auteure, Olivia de Lamberterie, critique littéraire pour le Masque et la Plume France Inter et éditrice littéraire d’Elle.  Dans Avec toutes mes sympathies Olivia de Lamberterie raconte la vie et la mort de son frère Alexandre de Lamberterie, «un grand blessé.  Extralucide, hypersensible. Mélancolique et désabusé» (ATMS), qui s’est suicidé à Montréal il y a quatre ans le 14 de ce mois d’octobre.  Ce que j’ai surtout apprécié dans ce livre – à part l’écriture simple et sans artifices et les maintes références littéraires et musicales (dont Joan Didion, et les superbes Anne Sylvestre et David Bowie) – c’est le respect que témoigne Olivia de Lamberterie envers son frère ; ne prétendant pas parler en son nom.  Ce livre a été écrit pour (ATMS) : «chérir [son] frère mort (…) pour imprimer sur une page blanche son sourire lumineux et son dernier cri».

Pour en savoir plus sur Olivia de Lamberterie et sur le titre de son premier livre : « Olivia De Lamberterie, Linceul et Unique» par Virginie Bloch-Lainé pour Libération – 11 septembre 2018

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Katia Chapoutier : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (Le Passeur, 2018)


Katia Chapoutier
La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir 
(Le Passeur, 2018)
282 pages


As Tuesday the 10th of September is World Suicide Prevention Day, I’ve chosen La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir (‘Life after the Suicide of Someone Close to You: Stories of Hope’) edited – with great care and emotional intelligence – by Katia Chapoutier, a journalist and ‘suicide survivor’ – i.e. a person bereaved by suicide.  I discovered this book in January 2018, thanks to ‘Le monde en face’, a television programme on France 5.  La vie après le suicide d’un proche is made up of several chapters written by suicide survivors, as well as a few by mental health specialists, such as Christophe Fauré and Monique Séguin .  There need to be more books in English where you hear from people bereaved by suicide, so I do hope this book will be translated soon. 

P.S. Two books for English Readers:  

Why Suicide? Questions and Answers about Suicide, Suicide Prevention, and Coping with the Suicide of Someone You Know (HarperTen, 2010) by Eric Marcus
Available on e-reader, kind, helpful, short chapters, not over-theoretical, written by someone bereaved by suicide.

Myths about Suicide (Havard University Press, 2010) by Thomas Joiner

Facts and Figures in brief – provided by IASP for World Suicide Prevention Day:


Puisque le mardi 10 septembre est la Journée mondiale de prévention du suicide, j’ai choisi : La vie après le suicide d’un proche: témoignages d’espoir, édité – avec beaucoup de soins et une forte intelligence émotionnelle – par Katia Chapoutier, journaliste et endeuillée par un suicide.  J’ai découvert ce livre en janvier 2018, grâce à l’émission ‘Le monde en face’ (France 5) animée par Marina Carrère d’EncausseLa vie après le suicide d’un proche contient plusieurs témoignages de personnes endeuillées par le suicide d’un proche, et quelques chapitres écrits par des spécialistes de la santé mentale, comme Christophe Fauré et Monique Séguin.  Je ne connais pas beaucoup de livres où on entend principalement de personnes touchés par le suicide d’un proche, alors je suis reconnaissante d’avoir repéré ce livre.  J’espère fortement que La vie après le suicide d’un proche livre va être traduit en anglais.

Europe 1 : Marina Carrère d’Encausse et Katia Chapoutier répondent aux questions de Philippe Vandel

Arnaud Cathrine : J’entends des regards que vous croyez muets (Gallimard, 2019)


J’entends des regards que vous croyez muets 
Arnaud Cathrine
Collections Verticales, Gallimard, mars 2019
192 pages


Le quatorzieme livre d’Arnaud Cathrine, J’entends des regards que vous croyez muets (le titre vient d’une ligne de Britannicus par Racine : j’entendrai des regards que vous croirez muets) est une collection de soixante-cinq très courts récits à partir d’observations sous la forme du ‘flux de conscience’– de la non-fiction-créative, une  écriture qui fait penser à Journal du dehors (Gallimard, 1993) d’Annie Ernaux et à Nos vies (Buchet-Chastel, 2017) de Marie-Hélène Lafon. Ce dernier livre d’Arnaud Cathrine donne au lecteur/ à la lectrice un accès privilégié au processus créatif d’un écrivain lorsqu’il prend – ou bien ‘vole’, comme il le dit lui-même – des bribes de choses entendues ou lues (à Paris et en Normandie, dans un café ou dans la rue, dans un train ou sur la plage) et en fait une sorte de docudrame littéraire, au style épuré.  Ces projections ludiques sur des personnes que Cathrine traque, tel un ‘prédateur joyeux’, pour en faire à leur insu sa matière brute, plus les quelques récits purement fictifs, font un livre riche en surprises.   

 

Arnaud Cathrine’s fourteenth book, J’entends des regards que vous croyez muets (a line taken from Racine’s Britannicus: J’entendrai des regards que vous croirez muets/ I’ll hear looks that you’ll think are silent) is a collection of sixty-five very short, stream-of-conscious ‘observation pieces’ – creative non-fiction that brings to mind both Annie Ernaux’s Journal du dehors (Gallimard, 1993) and Marie-Hélène Lafon’s Nos vies (Buchet-Chastel, 2017).  This latest work by Arnaud Cathrine gives the reader privileged access to a writer’s creative process as he takes – or ‘steals’, as he puts it – snatches of things heard or seen (in Paris and Normandy, in cafés and on streets, trains and beaches) and dreams up a kind of spare literary docudrama.  These playful projections onto unsuspecting people that Cathrine has deliberately gone out, like a ‘joyful predator’, to use as raw material, alongside a few entirely imagined scenarios, together make a book full of confounded expectations. 


Spectacle J’entends des regards que vous croyez muets, une lecture musicale d’Arnaud Cathrine (écrivain) et Mathieu Baillot (musicien). Créé dans le cadre du Festival les Emancipéés Vannes (Scènes du Golfe, Vannes, France).